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INTERVIEW de Flo V. Schwarz. du groupe PYOGENESIS

jeudi/18/05/2017
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Art N Roll a rencontré le guitariste du groupe Pyogenesis au Dr Feelgoold, lors de leur journée de promo. Le groupe vient de sortir un nouvel opus intitulé « A Kingdom to Disappear ».

Art N Roll : Il s’agit du 2ème volet de votre trilogie victorienne, devrais-je dire plutôt steampunk aussi ?
Flo : C’est sur le changement de la société au 19e siècle. Les journalistes ont parlé de trilogie victorienne, mais c’est un peu réducteur. La reine Victoria a régné de 1837 à 1901, c’est beaucoup et focalisé sur l’Angleterre. L’histoire se concentre sur le 19e siècle.


ANR : De quoi parle exactement cet album ?
Flo : La chanson titre de l’album « A kingdom to disappear » parle de la Pologne, qui a été effacée des cartes. L’Allemagne, la Prusse, l’Autriche et la Russie l’ont complètement occultée. Cela veut dire que le pays a été banni de la Terre pendant 82 ans, et après la 1ère guerre mondiale, le territoire a de nouveau été appelé Pologne. C’est une partie de la chanson. Il y a aussi une chanson sur Kaspar Hauser, le syndrome des gens qui ont dû mal à gérer les relations avec les autres. Kaspar Hauser a été enfermé dans une cave pendant 16 ans et ne pouvait marcher, parler, agir comme tout le monde. Il y a aussi des liens avec l’histoire française et Napoléon III, l’empereur, le frère de l’empereur d’Autriche qui fut aussi l’empereur du Mexique, Maximilien. Il était marié à une princesse belge. Même si le peuple du Mexique était prêt à l’accueillir, il ne les aimait pas. Il a fini assassiné et sa femme est devenue folle. Les machines à vapeur, les trains et les inventions technologiques de l’époque ont complètement changé la vie des gens.

 

ANR : La révolution industrielle… avec le zeppelin par exemple ?
Flo : Oui, le zeppelin est un symbole des avancées de l’époque. Sur la première partie de la trilogie, il y avait un train.

 

ANR : Vous avez commencé votre carrière en tant que groupe de death mélodique, qu’est-ce qui vous a poussé à changer de direction ?
Flo: Nous jouons la musique que nous écrivons et nous écrivons des choses différentes de ce que nous avons fait avant… nos pensées ont changé et notre musique avec. Nous n’avons pas voulu suivre un format préétabli pour nous. Nous avons décidé d’inclure différents styles. Cela s’est fait naturellement.

 

ANR : Il y a beaucoup de changement de rythmes dans cet album : des ballades, des morceaux plus heavy… un peu à l’image de votre carrière ?
Flo : Nous avons essayé d’inclure dans cet album tous les styles que nous avons déjà joué précédemment. Et si c’est aussi varié et complexe, c’est parce que ça représente aussi notre paradoxe : nous n’avons pas deux albums qui se ressemblent, ni deux chansons pareilles. Elles sont peut-être écrites d’une façon assez similaire mais le résultat est différent et donne un disque où l’on ne s’ennuie pas pendant 40 mn.

 

ANR : Oui, c’est vrai et j’aime beaucoup cet album !
Flo : Oui moi aussi !!

 

ANR : (rires) Vous avez fait une longue pause, que s’est-il passé ?
Flo : J’ai ouvert une entreprise, « Hamburg Records » le groupe était plutôt indépendant, mais pour combien de temps. L’argent que j’ai gagné avec Pyogenesis a servi à ouvrir « Hamburg Records » qui m’assurait un revenu quand j’aurais 40, 50 ou 60 ans. Parce qu’être un artiste et faire des albums c’est plutôt cool, puis ça devient un boulot. On se force à faire un album, un deuxième, une tournée et c’est quelque chose que je ne voulais pas pour moi ni pour le groupe. C’est pourquoi j’ai fondé cette compagnie. Au début, cela m’a pris beaucoup de temps de faire fonctionner la société, employer des gens… L’argent de Pyogenesis a servi à démarrer « Hamburg Records » et maintenant c’est elle qui aide Pyogenesis.

ANR : Vous avez fait beaucoup de concerts dans différents pays, y’a-t-il un pays où vous aimeriez aller ?
Flo : Nous ne sommes pas encore allés au Japon. C’est trop loin pour moi, mais j’aimerais y aller. C’est une culture différente, une approche différente des choses ; que ce soit l’Allemagne ou la France, on est frère d’une certaine façon. On a la même vision et les mêmes valeurs alors qu’au Japon tout est différent.

 

ANR : Tout est différent…
Flo : Excepté le metal J

 

ANR : La pochette d’album est somptueuse, quel est l’artiste qui l’a conçue ?
Flo : Stan W. Decker a composé notre pochette. C’est un français. Nous l’avons contacté via notre maison de disque qui nous l’a suggéré. Ils nous ont proposé plusieurs compositions. J’ai écrit à chacun un email. Stan a immédiatement compris ce que nous cherchions. Il a fait un super boulot sur la première partie de la trilogie et sur la deuxième. Il a juste tout compris à nos idées.

 

ANR : J’ai souvent lu qu’on vous considère comme les co-fondateurs du style « gothic rock », qu’en pensez-vous ?
Flo : Qu’est-ce que le gothic metal ? du death metal melodique avant que le terme n’existe. Du death melodic avec des vocaux clairs, ce genre de choses. Nous étions les premiers sur le continent à faire ce genre de musique. En Angleterre, ils avaient Anathema, Paradise Lost et My Dying Bride. Nous avions sorti un album avant eux mais comme nous étions sur le continent, c’est pourquoi ils nous appellent co-fondateurs du mouvement. J’en ai un peu marre de cette étiquette d’ailleurs.

 

ANR : Vous n’avez jamais enregistré d’album live, pourquoi ?
Flo : Peut-être un jour, mais je ne sais pas quand. J’aime beaucoup écouter les albums live des autres, mais je n’imagine pas Pyogenesis en faire un. Je ne saurais expliquer pourquoi mais je nous vois comme un groupe de scène et de studio.

 

ANR : Je trouve votre album assez épique, est-ce que le terme vous convient ?
Flo : Oui j’aime assez mais épique vient du terme epos, du grec ancien. Le mot épique est utilisé aujourd’hui d’une façon différente du terme de base. Cela ne veut pas dire comme un « epos ». Maintenant cela veut dire que c’est génial. Ce mot a changé de sens au cours de l’histoire, je comprends ce que tu veux dire mais à la place d’épic je préfèrerais un autre terme. C’est pourquoi nous avons une approche mélodique et mélancolique qui se ressent sur notre morceau de 14 minutes. Cela nous permet d’en jouer sur la mélodie, encore et encore. Pour noyer la mélodie, exprimer les choses et inclure l’histoire sur des textes qui veulent dire quelque chose, c’est ce que tu voulais dire ?

 

ANR : Oui exactement, et l’histoire, quelle est votre période préférée et pourquoi ?
Flo : Le 19ème siècle bien sûr ! Tant de choses ont changé à ce moment-là.

 

ANR : Vous vous êtes beaucoup documentés ?
Flo : Oui j’ai lu énormément sur le sujet. Plus jeune, l’histoire ne m’intéressait pas à l’école, mais plus tard j’ai découvert qu’il y avait une connexion entre le passé et le présent et ce qui nous arrive actuellement. Le chancelier Helmut Khol, qui était un ami de François Mitterrand, a dit une chose très importante : « Si vous ne comprenez pas le passé, si vous ne le connaissez pas, vous ne pourrez comprendre le présent et on ne pourra diriger le futur ». En une phrase, il a expliqué les trois temps : passé, présent et futur : tout ce qu’on doit savoir sur le passé.

ANR : Après le train et le zeppelin, quelle sera l’évolution de la dernière partie de la trilogie ?
Flo : Pour l’instant ce ne sont que des idées, rien d’encore trop précis. Je dois encore le clarifier dans ma tête avant d’en parler.

 

ANR : Une tournée est-elle prévue ?
Flo : Actuellement nous sommes en plein dans la tournée allemande et nous enchaînons sur la Suisse, Italie et Autriche pour la dernière partie de la tournée. Nous avons également quelques festivals de prévus : Full metal cruise entre autre que nous attendons avec impatience.

 

ANR : Un dernier mot ?
Flo : Si vous trouvez intéressant ce que vous venez de lire, jetez un œil sur la page de Pyogenesis, un j’aime sur Facebook !!

 

ANR : Pensez-vous qu’Internet a apporté du bon aux groupes ?
Flo : Il a en effet permis d’atteindre les gens partout dans le monde mais à côté de ça les groupes vendent moins maintenant. Ils ont moins de moyens pour enregistrer des albums. Avant, vous faisiez des tournées pour promouvoir des albums et vendre plus d’albums. Maintenant, vous vendez des disques pour pouvoir faire des tournées. Les choses ont changé. Nous devons faire avec et nous adapter. Je ne saurais dire si j’aime ou pas mais on doit faire avec. Nous sommes ici à Paris pour deux jours d’interviews, certains nous connaissaient et d’autres ont aimé : c’est comme ça !

 

ANR : Merci beaucoup !

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