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Interview avec Paul et Priam du groupe Stamp

mercredi/25/01/2017
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Photo de Hugo Clair

Photo de Hugo Clair

Paul Percheron (batterie) et Priam Desmond (saz électrique) de Stamp nous reçoivent avant leur Showcase au Studio Campus. Dans le froid des loges du studio ils parlent de leur groupe, de l’album à venir et reviennent sur leur récente excursion en Russie.

 

Art N Roll : Quelle est la genèse du groupe ?

Paul Percheron : Le groupe s’est créé en 2012 sous la forme d’un trio avec moi à la batterie, Vlad au clavier et Alexandre à la basse. L’idée était de faire un assemblage des instruments acoustiques avec tout l’univers électronique qui gravite autour. On voulait aller au-delà de nos influences, High Tone, EZ3iel, toute la scène hip hop dub française. Au fur et à mesure des concerts on a voulu faire évoluer le concept. On a donc intégré Priam et Quentin (saz et saxophone) qui sont venus apporter leur touche au projet. Maintenant on a une musique qui mélange le côté froid de l’indus et la chaleur de la musique arabe et indienne.

 

Quel est votre parcours musical à chacun et comment décririez-vous votre musique ?

Paul : Nous sommes presque tous autodidactes, Quentin est au conservatoire, il a une formation classique très poussée.

Priam Desmond: Alexandre a commencé avec Stamp, Vladimir (le fondateur) sort d’un univers Dub/Trip Hop et moi j’ai eu d’autres groupes avant. Je joue actuellement avec Bachar Mar Khalife qui est un artiste Franco-Libanais.

 

ANR : Et c’est comme ça que tu t’es retrouvé en première partie des Insus sur la scène de Bercy.

Priam : Exactement (rires). J’ai rejoint le projet en septembre. Bachar est un musicien qui fait tout, tout seul. Il s’est entouré de musiciens il y a un an et ça tourne beaucoup depuis.
Paul : Priam a vraiment apporté cette dimension orientale dans notre musique.

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Photo de Paul Valcke

 

ANR : On comprend mieux d’où viennent ces sonorités orientales.

Priam : A la base je suis guitariste, mais j’ai été influencé par mon père joueur de oud mais également fan de métal des années 80. J’ai donc grandi avec cette polarité oriental/metal et je trouvais que la guitare me limitait dans mon expression car il me manquait les quarts de ton.
C’est en allant en Turquie que je suis tombé sur le saz. Pour moi c’était comme Istanbul, comme le Bosphore… un pied sur le continent européen, un autre sur le moyen orient. C’est ce brassage là que je cherchais à incorporer dans ma musique.

 

ANR : Dis-nous en plus sur ton instrument, le saz électrique.

Priam : C’est un instrument traditionnel turc qui a été électrifié dans les années 70. J’ajoute des distorsions et des effets pour le faire sortir de son carcan traditionnel.

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Photo de Paul Valcke

ANR : Votre musique est riche de la croisée des genres et de l’utilisation d’instruments étonnants couplée avec de nombreux effets sonores. On se demande donc comment se passe le processus de création au sein du groupe ? qui fait quoi ?

Paul : Ca se fait assez naturellement, on part toujours d’une base électronique qui va faire une boucle. On fait tourner des bandes son, et on adopte une façon de composer très rock n roll autour. Il n’y personne qui prend vraiment le lead.
Priam : La personne qui est à l’essence du morceau va dire quelle est la structure à suivre mais nous sommes comme des alchimistes, on regarde ce qui va ensemble pour rester cohérent selon nos influences.

ANR : Dans vos influences on va jusqu’à la musique concrète.

Priam : Pierre Schaeffer ! (rires)
Paul : Tout à fait. Tout ce qui touche au GRM (Groupe de Recherche Musicale) nous parle, dans l’utilisation de sample, de sons concrets, de la création d’objet sonore. J’ai toujours été influencé par la démarche de compositeurs comme François Bayle, Jean-Claude Risset, Iannis Xenakis…
Priam: Ca va aussi jusqu’à Kraftwerk sans oublier le côté indus avec Ministry ou Nine Inch Nails.

 

ANR : Vous êtes dans une recherche perpétuelle de nouvelles sonorités ?

Paul : Toujours et c’est important de le souligner.

 

ANR : Dans « Estampes » vous vous permettez de reprendre ou du moins détourner une ligne de piano de Claude Debussy. Qui a eu cette idée ? est-ce une forme d’hommage ?

Paul : C’est cette idée de l’objet sonore, de prendre une boucle et de la faire tourner. En faisant ça tu te rends compte que ton écoute, réduite à un fragment de son peut se déplacer et tu peux arriver à en détacher une autre mélodie. C’est comme ça qu’est né « Estampes ». On en oublie même l’essence de la ligne mélodique de piano de Debussy
Priam: En vieil anglais Stamp c’est une petite boucle rythmique. Ce qui est intéressant dans la musique électronique c’est de laisser une boucle 5min pour que les gens entrent dedans et arrivent à une certaine transe.

 

ANR : Sur votre page Facebook vous listez « Transmutations alchimiques » comme centre d’intérêt. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Priam : Tout ça a un lien avec notre nouvel album. Le premier a été fait avec plein d’invités, Quentin et moi, par exemple n’étions que des guests. Là on a décidé de faire un album « concept ». Tous les morceaux ont pour base le transhumanisme et son impact sur la société actuelle. Dans nos recherches on s’est aperçu que les thèmes du transhumanismes étaient assez similaires à ceux de l’alchimie.
Paul : Le thème c’est celui de la peur de la mort, et l’objectif des transhumanistes comme des alchimistes c’est de trouver la pierre philosophale.
Priam : La pierre philosophale qui cherche à vaincre la mortalité, guérir les maladies, et transformer les métaux vils en métaux précieux. C’est aussi l’idée de se faire mettre une prothèse, comme si la chair n’était plus suffisante et qu’il fallait sans cesse l’améliorer. Tous les samples de l’album sont en lien avec ces sujets.

 

ANR : Où en êtes-vous de ce nouvel album ?

Paul : Le mastering est terminé, la sortie est prévue pour septembre. On va avoir le temps de le rôder sur scène et de lancer un clip. On lance également une campagne de financement participatif pour financer un deuxième clip.
Priam : Ce sera un clip en prise de vue réelle, le premier étant en animation.

 

ANR : Vous avez réfléchi aux récompenses pour votre campagne de financement participatif ? la logistique ne vous fait pas peur ?

Priam :(rires) Ce n’est pas simple, mais on est assez confiants, grâce à notre « fan base » qui n’a de cesse de grandir avec nos concerts. On bosse dessus depuis plusieurs mois.

 

ANR : Votre expression artistique passe également par des concerts très travaillés, où tout est millimètre. Quelle est votre vision de la scène ? Que cherchez-vous à partager avec le public ?

Priam : Nous avons une approche cinématographique comme nos morceaux font référence à des films. En concert on utilise de la vidéo pour transporter les gens, les inviter au voyage tout en gardant une base rock et énergique.

 

ANR : Vous avez fait 4 dates au Polenovo Museum en Russie, 1 dans une datcha alternative et 2 dans un club. Comment êtes-vous arrivés là ?

Paul : J’ai de la famille qui travaille dans le tourisme à Moscou dont un oncle qui connaissait la directrice de ce musée, Natalya Polenova. Elle cherchait un groupe pour la semaine de la francophonie qui se déroule en juin dans la maison / musée de son arrière grand-père, Vassili Polenov. Tous les soirs on jouait devant un public de touristes moscovites.
Priam : On faisait des concerts en plein air, devant des familles.
Paul : Un peu avant on était dans un club de Moscou avec des gens qui voulaient faire la fête. Là on a pu développer quelque chose de différent, de plus subtil et adapté au lieu.

 

ANR : Une anecdote à partager ?

Paul : Les baignades à 4h du matin complément arrachés (rires).
Priam: Dans des rivières avec plein de produits chimiques étranges qui forment des nappes quand tu te baignes (rires). Et il fait jour à 4h du mat !
Paul:c’est la Russie, tout est anecdotique et tout peut arriver. A 5 min du show à Moscou on s’est retrouvé sans matos, sans organisateur pour nous accueillir, à se dire que le concert allait être annulé. Et finalement tout se passe bien, et on a commencé à jouer à une heure du matin, dans une salle relativement pleine.
Priam : Il y a ce côté « tout peut arriver » !

 

ANR : Qu’avez-vous en réserve pour cette année 2017 ? et après ?

Paul : Le clip animé, un deuxième clip et une tournée pour défendre notre album.

ANR : Quels sont les groupes sur la scène française et internationale qui vous séduisent ?

Paul : Carpenter Brut, Regarde les hommes tomber, The Great Old Ones
Priam : John Carpenter.

 

 

https://stamp.bandcamp.com/

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