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Fête de l’huma

mardi/18/10/2016
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Fear and Loathing in La Fête de l’Huma

 

A peine arrivé, je me suis demandé ce que je foutais là, entre un stand guévariste et les nudistes pro-bio, pas loin de la grande scène…  Bière, rhum et quelques « cigarettes qui font rire » : tout le concept du communisme s’est effondré ! Ce n’est plus la fête de l’Humanité – des vieux en pantalon de velours côtelé sous une pluie battante – mais quasiment le Burning Man !

Dès l’entrée, la fouille : de mauvais videurs de boite de salsa violent mon sac. Moi, pas trop con, j’ai préféré éviter les boutanches de verre, les armes et autres trucs dangereux, mis à part un mousqueton à la ceinture.  Le mec trouve ça louche. Clope au bec et canette à la main, je lui baragouine un truc sur la varappe.  IMPORTANT, LA VARAPPE !!! Sans trop y croire, il me laisse passer. Le périple commence et comme disait le poète : « Heureux qui communiste a fait un beau voyage ! »

Et il commence bien, le voyage ! Où ai-je foutu ma putain d’invitation ? Non, pas là, non, ça c’est mes deux boutanches d’eau (sans eau mais avec du rhum), non, les cannettes de bières – rhaaaaaaaaaaaaaa -, une vielle liste de courses, tiens, voilà, c’est le bon papelard !

La jolie black de l’entrée m’enserre généreusement le poignet avec mon pass et s’exclame à propos de mon marcel noir frappé d’un « X » blanc : « Rock the street ? C’est des potes ! ». Super, à moi aussi. Oui, un marcel. Et après ? Il plombe trente degrés à l’ombre et j’ai eu le mauvais goût très sûr de me pointer avec un futal en cuir et mes bottes …

Trêve de bavardages, la mère Opale me téléphone. Oui, ok, va pour se retrouver près de la « Grande scène ». Qui porte bien son nom. Elle est grande, barrières de sécu, mecs de sécu et une plaine semi-désertique balayée par un vent à faire pâlir les amateurs de westerns spaghetti.  Tu y croiserais Clint Eastwood, tu serais à peine étonné ! Donc, rencard devant l’entrée des « guests».

Opale, belle et sauvage, se pointe, hilare. Elle est avec un pote, mi-hippie mi-clown, qui te raconte que la nuit précédente, au camping, il s’est fait un couple d’échangistes.  C’est vraiment la fête de l’Humanité, y’a pas à dire… Bref, ils se cassent chercher des tunes. Du coup, je discute avec les nudistes, sympas ; les gens avec les gamins passent à côté, sympas ; on boit une bière et là, Mr Berrouka, chanteur des Ludwig, me tape dans la main et se dirige vers la sortie, téléphone à l’oreille, l’air inquiet… J’imagine déjà, en riant intérieurement et en transpirant extérieurement, un Nobru avce une barbe trop longue et sans pass, mis aux arrêts à la cellule anti-terroriste la plus proche… Certes, c’est drôle mais vu qu’ils sont censés attaquer sur scène dans vingt minutes, ça peut aussi être critique.

Du coup, je me mêle à la foule grandissante. Le soleil plombe, les gens et la poussière. Après un quart d’heure d’un infecte groupe de world-music, les Ludwig Von 88 attaquent la prise de son. Et c’est parti !!!

Tous leurs tubes y passe ! Avec, en prime, explosions de confettis (je me demande pourquoi j’en ai dans mon calbute), lâcher de ballons, cris, hurlements, pains rattrapés avec humour… De « Louison Bobet » à « Chang », en passant par « New Orléans »,  c’est la totale ! J’ai depuis longtemps perdu de vue mes potes, en ai croisé d’autres, c’est le grand carnaval punk comme il y a quinze piges ! Ils sont en forme et Charlu, à la basse,  est plus sautillant que jamais ! Du bel ouvrage.

Un vieux punk me présente son fils. Le gamin a treize ans. C’est le bon âge pour un premier concert. Surtout vue la flamme que le LV88 rallume avec brio ! Je passe au rhum, la bière n’a pas survécu.

J’ai du taf, bordel ! La Poison, c’est les gars qui, joue sur la scène Zebrock. De l’autre côté du truc ! C’est donc reparti, entre des mecs bourrés, un mono-cycliste avec un chapeau qui tourne en jouant « L’Orient est rouge » et de rares jeunesses communistes qui tentent de t’encarter sans trop y croire.

La Poison ! Entre elle (qui n’est autre que Moon, ex Maximum Kouette), Lars le batteur (ex- même chose et qui, depuis, a fait de la scène en cabaret monstre avec elle)  et Dr Fugu, le guitariste (Mr Mermet, ancien de la Mano Negra, collabo de Mano Solo et des Têtes Raides), pas des gars tombés de la dernière pluie ! Eux sont peints en vert, elle en noir et blanc. Et ça te balance un électro-rock qui démonte ! Et ça prend bien !!! Le public en veut, ça arrache avec une belle énergie ! Une claque en live !

Je discute avec un gars quand Krystof, le bassiste d’Opium du Peuple, vient me claquer la bise. Je le reconnais à son haleine qui n’a rien à envier à la mienne : des chacals !

D’ailleurs, Opium va jouer sur la « Petite Scène ».  Juste après les Sales Majestés… Le temps de serrer la pince aux amis de La Poison, il va falloir bouger et manger un truc avant de tomber raide entre cagnard et autres bricoles peu recommandables… Je tiens debout par miracle, j’ai tellement chaud que ma raie du cul me sert de gouttière pour transpiration ! Autant dire que je suis presque bon pour passer dans « La vie de animaux », c’est pas ce soir que je vais pécho !

Ce n’est pas tout ça mais il faut que je trouve le stand où jouent les vieux copains du Pélican Frisé, groupe de ska-punk dont j’avais organisé le premier concert vers 1995… Rue « machine », stand « bidule », j’avais noté ça sur un papier, à l’ancienne… Tu penses bien que je ne sais plus où je l’ai foutu, ce papier à la con. Tant pis, direction la Petite Scène.

En fait, ça fait hyper marxiste, « Opium du peuple », comme nom de groupe !!!

Les Sales Majestés, je les ai connues en 1992 avec leur premier cinq titres. Ce n’est plus du rock à la OTH mais du punk basique, quoique joué avec rage et clairvoyance. Imparable, même s’il ne reste plus personne du line-up d’origine. Bon, ça égraine sévèrement devant un public conquis d’avance. Le point d’orgue, même si vue la foule, je suis loin de la scène et que mes oreilles bourdonnent, restera « Halte au Front National ».

Alors oui, ça tape dur, les Sales Maj’, mais j’ai comme un goût amer dans la bouche. Est-ce la nostalgie de leurs débuts ? L’absence d’Arnaud au chant ? Ou simplement le mauvais retour de vinasse ingurgitée au cubi avec deux punks à chien sans chien ? Va savoir ! En fait, je commence à m’en foutre un peu…

« Si ça continue, va falloir que ça cesse ! » disait le poète. La fatigue se fait autant sentir que la sueur de mes dessous de bras. Je suis liquide et tartiné d’une croûte de poussière. Et l’heure passe. Vite, d’ailleurs… La dernière navette approche et j’ai mal au dos. « La vieillesse est un naufrage » – et drogue et alcool ne l’aident pas beaucoup ! -. Je vais rater Opium. Fait chier les copains ! Désolé mais si je reste je vais, comme les fois précédentes, ronfler sous une table du stand Viet-nâm-Laos-Cambodge et me faire réveiller à sept heures de matin par un bridé furax à coups de pompes dans les côtes ! J’ai passé l’âge de ces conneries, moi, même si les nems fumants et l’alcool de riz font un parfait petit déjeuner de champion !

Les lumières de La Courneuve valsent sur les verres de mes lunettes noires. La nuit est tombée. A l’année prochaine, tas de fous idéalistes, on se reverra. Là, faut que je pionce.

 

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