Interview avec Adrien de Cowards lors du Hellfest 2016

samedi/09/07/2016
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ANR: Comment on se sent après une date au hellfest?

Adrien: Fatigué et comblé. Comme après une bonne partie de sexe (rires) ! Mais c’était ma première fois et j’étais vraiment content. Je ne sais pas si les gens étaient contents mais ce n’est pas très important. Moi j’étais confort, j’étais avec mon crew et on a bien rigolé.

ANR: Vous êtes en ce moment en cours d’enregistrement de votre nouvel EP. Où en êtes-vous et quand pourrons-nous entendre ce nouveau disque ?

Adrien: On a fini le nouveau disque en fait. Il est enregistré, mixé et masterisé. J’ai 3 nouveaux morceaux, 2 reprises et un morceau pour un split avec Stuntman de Montpelier. Et j’ai Matthias de Throatruiner (Label du groupe, ndlr) qui a fait un featuring sur une de nos chansons qui devrait sortir l’Ep. J’attends encore l’artwork complet, puis on pourra lancer la fabrication et on croise les doigts pour une sortie vers octobre/Novembre. A partir de là, on va essayer de se monter des petites tournées.

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ANR: Vous avez sorti 2 EP, un album et vous apprêtez à sortir à nouveau un EP. Est-ce une volonté de faire des disques plus courts ?

Adrien: C’est 2 albums et une EP en fait. Là, on s’apprête à sortir le 2ème EP. C’est vrai que le premier album n’avait que 6 morceaux donc les gens ont tendance à le prendre pour un Ep mais c’était bien un album.

Et c’est en effet le seul truc qu’on calcule un peu. On trouve qu’un album, pour ce genre de musique, ne doit pas dépasser 40 min. Au-delà, même moi ça me fatigue. Et pour autant que j’aime le concept que ce soit fatiguant, il ne faut pas non plus que ce soit inutilement fatiguant. Je veux que ce soit ressenti comme un abus mais il faut que ça s’arrête à un moment donné. Effectivement, dans le futur, quand on fera des albums, ça ne dépassera, je pense, jamais les 40min. Et sur les Ep du coup, on fait un peu plus court.

Après, je ne trouve pas que 40min soit particulièrement court pour un album. Si tu regardes, il y a plein d’albums que tout le monde adore qui sont en dessous de 40 min. Et ce qui compte, c’est qu’il y ai de bonnes chansons. C’est ce qu’on essaye de faire. Je ne dis pas qu’on y arrive mais c’est comme ça.

ANR: Il y a-t-il une tête pensante dans le groupe ou est-ce qu’au contraire tout le monde apporte des idées ?


Adrien:
C’est plutôt l’hydre de Lerne que la Gorgone. On est plusieurs à ramener plein de trucs et on monte tous ensemble. Personne n’a vraiment un mot final sur ce qui se passe. Tout le monde a le droit de dire « ça oui, ça non ». L’idée, et je l’ai déjà dit souvent et je le redirai surement encore, c’est de faire de la musique qui nous plaise à nous. Qu’on puisse écouter après. Et je sais que ça fait très prétentieux mais c’est la vie. Mais moi, quand je fais un disque c’est pour pouvoir l’écouter. Je ne vais pas faire un disque avec des morceaux que je n’aime pas. Ce n’est pas possible et j’espère que les autres en feront tout autant. Après, s’ils acceptent des morceaux qu’ils n’aiment pas, tant pis pour eux, ils ont eu leur mot à dire.

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ANR: Vous avez sorti vos précédents disques via Throatruiner et Deadlight si je ne me trompe pas. Comment c’est passé cette rencontre avec ces labels ?

Adrien: Il n’y a pas vraiment eu de rencontre en fait. On a eu un coup de bol avec Throatruiner car le mec connaissait un peu notre « travail ». Il avait suivi ce qu’on avait fait avec Sickbag (mon chanteur et moi, on était dans ce groupe à l’époque), notamment le dernier album qu’il avait bien aimé. Entre-temps, il a monté son label. Et c’est vrai que, quand on a enregistré le disque, je me suis dit que potentiellement en France, si quelqu’un pouvait être intéressé, ce serait lui. On lui a envoyé et il a accroché tout de suite. Je pense qu’il doit beaucoup regretter maintenant mais il a l’air de se sentir obligé de sortir tous nos disques maintenant. Et c’est comme ça que je l’ai rencontré, quand il m’a dit « ok, je sors ton disque ».

Deadlight, c’est lui qui m’a envoyé un mail au moment du 2ème EP et il m’a dit qu’il était chaud pour sortir la version CD (car il ne faisait que ça). Je ne sais pas s’il est intéressé de sortir le nouvel EP en CD mais j’ai l’impression qu’il va le sortir aussi. Globalement, ça se passe comme ça.

Et pour les mecs de Ruins (records, ndlr), c’est pareil. Au moment du premier EP, on avait besoin d’un label en co-prod et ils avaient leur petit label portugais. Ils nous ont contacté et ont sorti le disque. Malheureusement Ruins n’existe plus sinon, je pense que je les aurais aussi contactés pour cet EP. Ils ont également été très actifs pour la sortie de notre 2eme album.

ANR: Il y a-t-il un style musical ou un aspect artistique que vous n’avez pas encore développé dans Cowards et qui vous plairait de développer ?

 

Adrien: Déjà, ton choix des mots me désarme parce que je vois pas du tout ce que c’est un aspect artistique. Aucun d’entre nous ne nous considère comme des artistes ou même des musiciens. On fait juste un groupe, c’est tout.

Et donc non, pas vraiment, on fait juste ce qu’on a envie de faire. Je ne dis pas que si on devait refaire le premier disque on le referait pareil, probablement pas. Et je ne dis pas que le prochain sera exactement pareil ou complètement différent de celui d’avant. Mais je sais qu’on fera en sorte de sortir une musique qui soit, à chaque instant, aussi personnelle et sincère que possible. Sincère, ce sera facile, personnel, un peu moins. Il faudra qu’on écoute un peu la concurrence, essayer de ne pas tomber dans leurs travers et dans nos travers aussi. Parce que, mine de rien, ça fait 4 ans qu’on existe et c’est peu et on s’apprête à sortir notre 4ème disque, ce qui n’est pas si mal. Et tu as vite fait de t’auto-parodier dans ton propre gimmick. Ce qui est déjà l’impression qu’ont certaines personnes qui pensent qu’on se contente de plagier d’autres groupes, un autre groupe en l‘occurrence. Mais on essaye juste d’être qui on est, de faire ce qu’on a envie de faire. On est un groupe de bras cassés. Mon 2ème guitariste (qui vient de rentrer dans la pièce NDLR), il ne sait pas faire de guitare, c’était juste « tiens t’es un copain, rejoins le groupe ! ». Hein que tu ne sais pas faire de guitare ! C’est clair (rires) !

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ANR: Quels sont les groupes et les artistes (au sens large, pas forcément musical) qui vous inspirent ?

Adrien: Personnellement, je n’ai jamais compris cette question. Comment tu peux être inspiré dans ta musique par un réalisateur de films ou autres ? J’aimerais bien être tellement un artiste que je vais regarder un film de David Lynch et me dire « tiens, je vais retranscrire cette ambiance dans mon riff ». Moi, je suis un connard avec une guitare. Je m’assieds dans ma chambre avec ma guitare, je joue et a un moment, il y a une suite de notes qui donne bien et je me dis « tiens, ça, ça ferait bien un morceau ». Je ne me dis pas « ouais, ça fait ultra David Lynch ».

Après, des groupes qui m’inspirent ouais, il y en a : « No surrender » de Kickback, je peux pas dire que ça ne m’a pas inspiré. Quand ils ont sorti ce disque je me suis dit « c’est cette musique que je veux faire » et je n’avais, jusque-là, jamais eu le groupe pour le faire. J’ai monté mon groupe et maintenant, je le fais. Après, il n’y a pas que ça, il y a plein d’autres trucs mais, est-ce que c’est vraiment intéressant ? Nous qui composons on est fan de plein de trucs différents : Leviathan aux USA, Deathspell Omega en France ou Celtic frost, les premiers Crowbar, Eyehategod, des trucs comme ça. Est-ce qu’on a des passages à la Eyehategod ? Si on a des larsens ! Est-ce qu’on a des passages à la Celtic ? Ouais on a des riffs débiles mais je ne pense pas que ça s’entende dans notre musique. Les gens n’entendent qu’une chose, c’est Kickback parce qu’on a le même genre de voix hyper écorchée. Et c’est ça que les gens retiennent. Tant mieux, tant pis, je ne sais pas.

Il n’y a pas un style en particulier qui m’inspire. Les trucs hostiles, les trucs dangereux. On n’est pas des mecs dangereux mais ça, j’aime bien. Guitare saturée, mec qui gueule, voir des gars qui ont l’air énervé. Même si le mec, c’est une crevette, j’aime avoir l’impression que si je l’enmerde, il va me casser la gueule. Au moins, il va essayer…. Moi, c’est pareil, je ne suis pas le mec le plus balaise du monde mais il est évident que si un mec vient me faire chier en concert, il va s’en ramasser une. C’est jamais arrivé encore mais les candidats, on vous attend !

ANR: Lors d’une précédente interview, vous avez énuméré les questions qu’on vous a trop posées. J’aimerais du coup savoir quel seraient les questions qu’on ne vous pose pas assez, voir jamais ?

Adrien: Ho moi j’aime bien les questions, je suis quelqu’un d’égocentrique et j’aime mieux quand tu sens que le mec, il ne vient pas juste poser ses questions types (ce qui n’est pas ton cas et c’est bien agréable) et qu’il s’est cassé la tête pour savoir « tiens, quelle question je pourrais poser à ce mec ? ».

Concernant les questions qu’on nous pose jamais, J’ai pas la branlette au point de me dire « han, ils ont pas compris mon art, j’aimerais leur expliquer tout qu’est-ce que je ressens dans mon riff. Je suis tellement pas bien dans ma tête ». Parce que ce n’est pas le cas. On est tous très bien dans nos vies, on est hyper posés. On a des vies assez tristes et assez banales et on n’essaye pas de vendre une théorie ou d’exposer un principe, un code de morale, etc. Nous, on fait ce qu’on a envie de faire. Après les gens, ils suivent ou ils ne suivent pas. Tant mieux, tant pis. C’est mieux s’ils suivent mais après, moi, j’ai quand-même mon disque à la maison que je peux écouter. J’ai déjà gagné. Après, allez faire des concerts où des gens achètent mes t-shirts et mes disques, c’est du bonus, je prends.

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ANR: Quel est le truc le plus dingue qui vous soit arrivé en concert ou dans la vie du groupe ?

 

Adrien: Malheureusement, il ne nous est rien arrivé d’absurde qu’on n’ait pas provoqué ou qui soit typique de cette scène. Débrancher tous les amplis en même temps, tomber dans la batterie, se casser la gueule dans les escaliers, etc. Non, je ne vois pas. Là aussi, on est un groupe d’une extrême banalité, on n’a jamais rien fait de dingue en concert. Même pour le public, on n’est pas un groupe d’une assez grande envergure pour que les gens soient fous. Sauf quand tu joues tard et qu’ils sont suffisamment ivres mais jamais au point que nous, on voudrait vraiment. Moi, mon rêve, et là encore, les candidats sont les bienvenus, ce serait que les mecs se tartinent vraiment en concert, se claquent la gueule sur le parquet mais ça ne nous est encore jamais arrivé.

T.A. (l’autre guitariste, ndlr) : Ha si je sais, tu m’as embauché à la guitare (rires) !!!

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