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Interview avec Viber de Sidilarsen – Avril 2016

dimanche/29/05/2016
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Viber de Sidilarsen

Interview du 19 avril 2016 au Dr Feelgood

The Kat et Céline

 

ANR : Pour nos lecteurs qui ne vous connaitraient pas, Sidilarsen, c’est un groupe toulousain formé en 1997. Vous nous faites un petit résumé de votre carrière, de vos objectifs ?

Viber : 6 albums, démarré en 1997, 1er album « Biotop » 2003, après « Eau », après « Une nuit pour sept jours » , « Machine rouge » et « Chatterbox « il y a deux ans et voilà « Dancefloor Bastards » pour lequel nous sommes ici, pour en parler. Enormément de concerts, de tournées, depuis le début et avec toujours autant de plaisir. Voilà à peu près le résumé. On est 5, on est amis, depuis fort longtemps. Le seul changement de line-up : un guitariste qui a changé mais bon, le nouveau ça fait très longtemps qu’il n’est plus nouveau… Et what else ? Voilà c’est à peu près tout.

 

ANR : Pour vous, le nouvel album « Dancefloor Bastards » occupe quelle place dans ce parcours ?

Viber : C’est le dernier donc c’est le meilleur ! [rires] En tous cas pour pleins de raisons, on a pris un grand plaisir à l’enregistrer, à fabriquer l’histoire de cet album et donc on a très envie de le défendre sur scène. On en est très fiers et il représente bien ce qu’on est en 2016 et je trouve que notre manière de composer est arrivée à quelque chose de vraiment efficace.

 

ANR : Quand on vous voit sur scène, et quand on écoute le titre « Go Fast » sur le nouvel album, on devine que le live est vraiment une partie de la vie du groupe que vous aimez.

Viber : Ouais en tous cas c’est là qu’on prend l’énergie au premier degré puisque c’est concret. Les morceaux sur album prennent leur vraie dimension en live. Ils ont une deuxième vie du coup, entre l’album et le live c’est une autre histoire, c’est-à-dire que le morceau sur album il est fini, il ne changera pas. En live, il évoluera tout le long des années où il est joué et c’est encore une autre histoire, c’est ça qui est intéressant. Le live a ça d’intéressant que l’énergie est palpable, on voit les gens, on sent l’énergie. Quand la communication passe et que ça rend les gens heureux, nous, en retour ça nous galvanise, ça nous transporte. Donc oui c’est un lieu privilégié, c’est mieux que la drogue la scène!

 

ANR : Oui c’est l’échange…

Viber : Oui c’est quelque chose d’incroyable. Il y a des moments très précieux. Au fil des années et d’autant plus sur la dernière tournée, on a fini en décembre donc on a hâte d’y retourner parce que quand ça fait trop longtemps qu’on n’y est pas, ça nous manque, surtout avec du nouveau matériel. Et puis après la route, oui on fait énormément de route parce qu’on habite à Toulouse, on joue souvent dans la moitié Nord et « Go fast » ça parle de ça : des heures et des heures de route, faut savoir pourquoi on les fait. On le sait mais parfois c’est loin ! [rires] On se marre de ça dans ce morceau, très second degré.

 

ANR : Vos titres sont souvent très engagés. Vous mettez en avant des actions pour faire bouger les choses, vous faites appel aux fans. Bref, on peut dire que vous êtes un groupe politisé dans un sens.

Viber : Ca dépend comment on se place. Tout est politique après. La façon dont on vit, ce qu’on consomme, les choix qu’on fait au quotidien, avec les gens qui nous entourent, d’un certain côté c’est politique. Il y a quand même un choix qui dit : je refuse de faire telle ou telle chose, je refuse d’engraisser telle ou telle multinationale, de faire faire du profit à un tel ou un tel. Il y a une dimension de militance dans le fait de continuer à monter sur scène dans le pays ou même à l’étranger, parce qu’on continue à rencontrer les gens, on continue à faire confiance aux gens qui veulent nous accueillir. On est basés que sur l’humain et le verbal, l’empathie. D’un certain côté c’est déjà politique. On ne travaille pas par contrainte, la seule contrainte c’est qu’il y a des horaires et qu’on demande à être payés. Mais une fois que c’est négocié, on est d’accord, il n’y a pas d’autres contraintes. Cette vie qu’on mène et qu’on a choisie et qu’on apprécie, est-ce qu’elle est très engagée, moi je ne trouve pas. On pose beaucoup de questions mais en fait juste sur la société dans laquelle on vit et ce qu’on en ressent. Juste on n’est pas résignés, on essaye de réfléchir à comment faire pour que ça aille mieux. Normalement tout le monde devrait avoir envie que ça aille mieux. Mais on respecte tout le monde, même ceux qui se trompent. Le truc c’est pas de dire « On a la vérité, écoutez-nous ! On vous apporte le manuel de vie. »
C’est juste de dire : « On a fait ces choix, on ressent ça, on a vu ça, on n’est pas d’accord avec ça ». Ni plus ni moins. Pas mal de groupes, d’artistes ne sont pas du tout engagés, ne parlent que de choses très légères, à tel point que des fois c’est très superficiel. C’est plus ça qui m’étonne, que l’inverse.

 

ANR : peut-être que c’est aussi une façon de fuir la réalité…

Viber : Oui carrément !

 

ANR : …ne pas vouloir prendre position…

Viber : Carrément, parce que nous il y a des choix politiques qui sont, si on parle de notre ville, Toulouse, mais c’est pareil partout en France, il y a des décisions politiques qui influent directement sur les choix culturels, sur les budgets. Donc évidemment qu’il y a une incidence.

Alors on peut vivre dans d’autres sphères et être tellement farcis de pognon…
ANR : ce n’est pas la majorité…

Viber : Voilà ce n’est pas la majorité. Et si ce n’est pas le cas, on ne peut pas nier l’importance de certains choix sur notre travail. C’est notre travail, ce sont nos vies…

 

ANR : …et au passage de faire passer un message…

Viber : Ben ouais en tous cas c’est super important, la culture c’est ce qui tient les gens, c’est ce qui donne du rêve, fait qu’on peut sortir, aller voir un film, une expo, lire des bouquins, c’est primordial. La civilisation c’est ça : sans culture, pas de civilisation.

 

ANR : Quel est le processus de création d’un titre ? (Collectif, rapide, facile ?)

Viber : On a continué à travailler un peu comme on avait fait sur Chatterbox, c’est-à-dire en petits ateliers. Bon on n’est que 5 donc ça fait pas 50 ateliers… Quand quelqu’un a une idée, on a envie qu’il la pousse au moins jusqu’à ce qu’il y ait mis ce qu’il voulait y mettre au début, c’est-à-dire, la personnalité, l’identité du truc. Parce que si on est tous ensemble dès le début, dès les premières notes de création d’un morceau, le morceau va perdre de sa substance, parce que ça va faire une sorte de filtre. Il faut imaginer : il y en a un qui va dire : « Non moi je vois ça plus comme ça… » Et là on va faire un compromis. Et trop de compromis tue la personnalité. Souvent les débuts de morceaux sont plutôt des créations individuelles ou à deux. Et après on travaille dessus, avec David on met du chant dessus, séparément au tout début, et à la répèt’ suivante, on s’est mis à deux. On a beaucoup travaillé comme ça. Ça permet d’être efficace, de penser qu’à ça, sans perturbations. Parce que parfois c’est compliqué quand les autres sont à côté et qu’on crée du chant et qu’on entend « Nan mais tu devrais faire ça ! ». C’est juste pendant qu’on travaille, qu’il y a des choses pas agréables à écouter, mais nous on sait où on va. Et ça amène à créer des morceaux qui ont vraiment une identité. C’est comme ça qu’on aime travailler maintenant. Et après, tout ce qui est peaufinage, c’est-à-dire dès que l’on sature et qu’on y est arrivé en gros, qu’il y a déjà les bases du chant et la base mélodie du morceau, on travaille les arrangements, la durée totale du morceau, l’intro/outro. Et ça, ça reste du Sidi pur jus !

 

ANR : Comment renouvelez-vous votre inspiration, votre énergie en général ? Vous vous ressourcez comment ?

Viber : C’est différent pour chacun. Il y a des moments d’envie où c’est évident et des moments où je n’écris pas, je n’y arrive pas. Et puis d’un coup ça revient. C’est toujours revenu à temps pour faire de nouveaux albums et pour tenir les délais. En général, j’écris assez facilement. Quand il y a de l’inspiration, elle vient. Je n’arrive pas trop à la commander. Après il y a quand même une part de travail, il faut s’y mettre. Tous les jours, j’essaie d’écrire, on peut forcer aussi. Si on attend que ça tombe du ciel, on n’aura rien. Mais quand même, pour moi, c’est par à-coups. Moi je peux écrire assez vite 3-4 morceaux, et puis après pendant un moment, ça ne peut pas, et puis ça revient. Là il y a eu beaucoup de sources d’inspiration, négatives, positives, pleins de choses à dire, à sortir, à mettre en musique parce que c’est comme ça qu’on a envie de s’exprimer. Donc il y avait matière. C’est pour ça que l’album est assez long, 13 titres.

 

ANR : Justement, parle-nous de l’album…

Viber : Comme je te disais, c’est un album assez sombre, assez spontané, qui nous ressemble encore plus qu’avant, encore plus personnel, parce qu’on y a mis moins d’ingrédients, c’est plus ciblé. Par exemple on n’a mis que deux guitares. On a rajouté des strats comme on faisait avant, pareil, la batterie est plus spontanée, moins recalée, avec plus d’espaces de liberté. Pour le chant, aussi on a gardé beaucoup de premières prises. On voulait vivre un instant privilégié, garder la spontanéité et la fraîcheur au moment d’aborder les thèmes et les morceaux. Comme un live, se faire plaisir à chaque morceau, sans trop de pression et sans se lasser parce qu’on n’a pas forcément tout enregistré dans l’ordre. On n’était pas obligé de faire toutes les guitares puis tout le chant. On a préféré faire un peu de basse, un peu de batterie et enfin le chant… Ça nous a permis de mettre de l’air et de rester frais et dispos, d’être dans le « kiff » et vraiment se faire plaisir. Après, chaque morceau faut les découvrir, les écouter, les choses se révèleront au bout de plusieurs écoutes. Certaines sont plus faciles dès la première et d’autres non. En tout cas, je suis fier de tous les morceaux, on a rien laissé sur le côté, il n’y a pas de morceaux bouche trou. Tout a un sens et une place. J’en suis fier parce que ce n’était pas évident.

 

ANR : Sidilarsen donne l’impression de ne pas être qu’un groupe, mais aussi une sorte de famille. Est-ce le cas ?

Viber : Oui tout à fait. J’ai deux frères dans le groupe. On est pratiquement frères de sang, ça fait 20 ans qu’on se connaît, même plus !! Et ensemble on a partagé tellement de choses, ça va de soi. On prend soin de cette famille qui en plus est élargie aux techniciens qui travaillent avec nous. Ils ne sont pas sous les lumières de la scène mais qui sont indispensables et qui ont leur mot à dire. Ils travaillent avec nous et participent aussi au spectacle donc là c’est la notion de famille de cœur. Elle est choisie celle-là.

 

ANR : Le groupe est né il y a presque 20 ans, c’est un bel âge ! Est-ce que vous prévoyez de fêter ça par un album spécial ou une tournée par exemple ?

Viber : Oui, il y aura sûrement quelque chose : pas tout de suite, maintenant parce que là on va démarrer la tournée. Ca aura forcément un lien avec la tournée plus qu’avec un CD.

 

ANR : Vos morceaux sont écrits en français très largement. Est-ce que vous avez des retours de publics non francophones ?

Viber : A chaque fois qu’on a fait des incursions à l’étranger, deux fois en Allemagne sur la dernière tournée, ça s’est très bien passé, ça n’a jamais été un problème. Ça nous est arrivé de jouer dans des lieux où il n’y avait pas assez de monde, on n’avait jamais joué là-bas, on va jouer en Russie prochainement et ça n’a jamais posé de problème. De toute façon la barrière de la langue dans ce style-là, ne compte pas : c’est l’énergie qui prime. Il n’y a pas besoin de comprendre toutes les paroles, ce n’est pas un discours politique. Il y a des choses qui transparaissent que les gens peuvent sentir au-delà du langage. C’est une autre expérience.

 

ANR : Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de la cover du nouvel album créée par Veks Van Hillik ?

Viber : C’est un artiste avec qui nous travaillons pour la première fois. A la base il ne fait pas de pochettes d’albums, il n’est même pas graphiste mais peintre et également tatoueur. Il a l’habitude de faire de grands tableaux. On voulait quelque chose de plus organique. On a vu son travail, on l’a contacté et on lui a proposé. Le projet l’a intéressé et il nous a fait une première proposition. On l’a refusé car on n’était pas sûr et sa deuxième proposition était la bonne. On a trouvé que c’était très cohérent et très beau avec tout ce que ça comporte de fait rapidement et grosse urgence. De ce côté-là, il a vraiment assuré et c’est une vraie collaboration artistique. Plus qu’une commande où tu lui demandes ça et le mec fait ça, c’est allé plus loin. On est très satisfait du travail qui a été bien reçu sur Facebook. Ca marque un peu le retour de Sidi sur la spontanéité et l’insouciance qu’on avait au début. Je pense que c’est pour ça aussi qu’on avait envie de remettre le tire-bouchon de nos débuts sur cette pochette. Ca raconte aussi ça : essayer de retrouver cette fraicheur et cette envie de jouer même si ce n’est plus la même car il s’est passé plein de choses depuis.

 

ANR : Le dernier morceau « 1976 », à quoi correspond cette date ?

Viber : A notre naissance avec David tout simplement. C’est très égoïste mais il s’est passé des choses et on parle de tout ça. Partager quelque chose de vies avec les gens : regarder en arrière et se dire, voilà où j’en suis et je vais où ? Ces moments de partage et de communion, c’est juste pour dire qu’on n’est pas né de la dernière pluie, regarde le chemin parcouru et qu’on en est fier. C’est l’essentiel.

 

ANR : Dernière question rituelle chez Art n’ Roll : est-ce que vous pourriez nous dire si vous avez un ou plusieurs hobbies artistiques autre que la musique?

Viber : Un hobbie auquel je me consacre comme jouer au golf ? Pas vraiment, faire des soirées avec les amis, profiter des gens qui nous aiment et que l’on aime, c’est mon hobbie principal… je vais garder ça.

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