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Interview avec Clémentine Delauney de Visions of Atlantis

samedi/07/05/2022
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La soprano lyonnaise Clémentine Delauney est une des figures les plus singulières et intéressantes de la scène metal française contemporaine, tant celle-ci sort des sentiers battus de celle-là. Elle est la chanteuse du groupe autrichien Visions of Atlantis depuis 2013, la figure de proue devrait-on écrire, puisque qu’après « Wanderers » paru en 2019, le groupe de metal symphonique styrien publie « Pirates » le 13 mai 2022 chez Napalm Records. Il s’agissait d’évoquer en sa compagnie ce nouveau chapitre de musique romantique, par Skype le 4 mai courant.

 

Art’N’Roll : Bonjour Clémentine, comment s’est passée la tournée américaine de Visions of Atlantis de mars-avril 2022 ?

Clémentine Delauney (chant) : Très bien ! Nous avons été très bien accueillis par le public américain, qui adore être diverti, les nouveaux morceaux marchent bien sur scène, et nous avons conquis de nouveaux fans ! Nous avons également connu quelques problèmes techniques durant cette tournée, des soucis avec nos techniciens, des up and down, même si nous sommes globalement très satisfaits du résultat.

ANR : Est-ce donc vrai que le sable de Floride est le meilleur au Monde ?

CD : Je n’ai pas encore testé l’ensemble des sables du Monde (Rires) Mais celui de Floride est blanc et compact lorsqu’il devient humide, pas comme de la farine plutôt comme du sel, tu as vraiment le côté relaxant lorsque tu marches dedans.

ANR : Au cours de cette tournée, Visions of Atlantis a donc assuré la pré-promotion de « Pirates », votre huitième album studio, qui sort le 13 mai prochain chez Napalm Records… Mais aussi celle de « Wanderers », qui était sorti le 30 août 2019…

CD : C’est normal que nous jouions les morceaux de notre répertoire actuel, qui comprend « Wanderers » de 2019, « Pirates » qui va bientôt sortir, ainsi que « The Deep & the Dark » de 2018. Plus précisément, lorsque nous avions quarante-cinq minutes sur scène, nous jouions des extraits des trois, lorsque nous n’avions que trente minutes d’accordées, nous nous focalisions sur les deux derniers.

ANR : Ces deux derniers albums s’articulent correctement du point de vue thématique, de toutes façons…

CD : Avec également celui d’avant, en 2018. Les voyageurs qui deviennent des pirates, ou plutôt qui l’assument parce qu’ils ont toujours été des pirates, est un thème qui est présent chez Visions of Atlantis depuis que j’ai rejoint le groupe. Sur « The Deep & the Dark », il y a d’ailleurs un titre qui s’appelle « The Silent Mutiny ». Ces trois albums marquent une continuation : l’origine, le naufrage et enfin l’acceptation d’être des pirates. C’est un peu un voyage… initiatique (Sourire) Devenir des pirates, c’est quelque chose que je voulais depuis 2013 lorsque j’ai rejoint le groupe. J’ai gardé l’aspect maritime du groupe en mettant l’accent sur la piraterie, les pirates étant finalement les metalleux des océans (Rires)

ANR : J’allais te poser la question des points communs et des différences, tu as évoqué les premiers : quelles seraient donc les différences entre « Pirates » et les deux disques précédents ?

CD : Dans le processus d’écriture : je me suis davantage impliquée dans celui-ci que dans les deux précédents. Il y a une approche différente dans la composition, plus riche, plus personnelle, plus metal, plus sombre. Nous avons changé de producteur également. De même, nous avons quelqu’un qui gère l’orchestration : nous avons opté pour Jacob Hansen (NDA : des Hansen Studios, Ribe, Danemark. A produit Amaranthe, Volbeat, Dizzy Mizz Lizzy, The Black Dahlia Murder, Pretty Maids, Epica, Delain, etc…) pour le mix et le mastering, donc pour nous, il y a une grande progression dans la qualité du son. « Pirates » marque un tournant dans notre façon de travailler, nous sentons qu’une porte a été ouverte pour la suite.

ANR : Il semblerait que la voix de ton duettiste Michele Guatoli, est plus en retrait sur « Pirates », me trompe-je ?

CD : C’est une idée très personnelle pour le coup, parce que nous formons un véritable duo sur plusieurs morceaux, notamment sur « Legions of the Sea » et « Master the Hurricane ». Nous avons également conservé la structure « Michele chante le couplet A et je chante le couplet B » qui nous est chère. Je trouve au contraire qu’il y a davantage d’équilibre vocal entre lui et moi sur cet album que sur le précédent. Chacun possède ses interprétations néanmoins, c’est intéressant d’en parler, même si je ne suis pas d’accord avec ton analyse. Je trouve par ailleurs que la production de « Pirates » met davantage en valeur le timbre de voix de Michele et ses couleurs, que celle de « Wanderers » ne l’avait mise. Nous sommes très contents du résultat sur ce point, sans dénigrer pour autant le travail qui a été fait sur les disques précédents.

ANR : Les deux derniers albums de Visions of Atlantis recèlent des morceaux qui n’ont rien à voir avec le metal dit « symphonique », je pense au magnifique « Wanderers » sur la pénultième ainsi qu’à « Freedom » sur celui-ci…

CD : Il y a eu une réflexion de menée sur notre identité. Certains voulaient revenir à quelque chose de typiquement metal symphonique comme aux débuts de Visions of Atlantis, plus proche de Nightwish, alors que moi depuis « The Deep & the Dark » je voulais mettre l’accent sur le voyage maritime et la piraterie. Depuis 2013, je distillais des références de ci de là à la piraterie.

ANR : Tu as évoqué tout à l’heure un « voyage initiatique » et j’ai vu qu’aux débuts de Visions of Atlantis dans les années 2000 le symbolisme était assez présent, plus que désormais j’ai l’impression… En quoi le symbolisme fait-il toujours partie de l’univers de Visions of Atlantis ?

CD : Un artiste a besoin d’être sincère avec lui-même, et à mon arrivée dans Visions of Atlantis je n’ai pas souhaité me rattacher à ce que le groupe avait conçu auparavant. En accord avec les autres membres du groupe, j’ai fait évoluer les références notamment visuelles de celui-ci. Maintenant, et en dépit du fait que ces références appartiennent davantage à notre passé, j’aime beaucoup le symbolisme, l’universalité dans le message, pouvoir utiliser des lieux communs mais avec subtilité dans l’espoir de toucher l’humanité. Quand on est artiste, on a envie de toucher les autres personnes, à travers notre création de pouvoir faire un bout de chemin avec elles, et l’utilisation des symboles est très appropriée pour cela, parce que les symboles sont forts et peuvent parler à beaucoup. C’est important pour moi, et pas forcément conscient d’ailleurs (Sourire)

ANR : Quel est ton symbole préféré ?

CD : La fleur de Lys indienne, la Rose de la vie. Il y a une ressemblance avec l’ADN passé au microscope. Une rosace multipliée, qui aurait la puissance de nous ramener à notre origine, de nous régénérer, qui est très utilisée en Yoga.

ANR : Visions of Atlantis va donner, entre le 12 et 20 mai prochain, neuf concerts de promotion de « Pirates », cinq en Allemagne, deux en Belgique, un en Autriche et un aux Pays-Bas : toujours pas de date de prévue à Paris ?

CD : Pour mémoire, une tournée était prévue en 2020, qui a été reportée à 2021, et qui est actuellement reportée à 2022. Elle sera annoncée le 26 mai. Et là, nous allons au minimum jouer à Paris et à Lyon, c’est sûr. Je fais en sorte qu’il y ait également une date à Toulouse.

ANR : Pourquoi Toulouse ?

CD : Parce que ce serait sur le chemin pour aller vers l’Espagne après.

ANR : Visions of Atlantis se produira le lundi 25 juillet au MetalDays dans les gorges de Tolmin en Slovénie, vous serez troisième tête d’affiche avec Moonspell et Meshuggah…

CD : Nous sommes très contents d’y retourner, car ce sera la deuxième fois, la première était en 2016, cela commence à remonter… Je me souviens de ce cadre incroyable, un écrin de nature. Il y a beaucoup de tempêtes là-bas, et le vent s’était levé alors que nous étions sur scène, nous avions fini notre concert alors que les branches d’arbres commençaient à tomber ! Nous sommes passés à ça de ne pas pouvoir finir le set.

ANR : Parlons à présent un peu de toi… Quelle genre d’adolescente étais-tu ?

CD : J’étais une gothique (Rires) Mais une gothique romantique, j’étais dans mon Monde, imprégnée de mélancolie, ce qui ne m’empêchait pas d’être une fêtarde, je crois au contraire que les deux sont liés. Puis j’ai découvert le metal vers seize – dix-sept ans, et m’y suis réfugiée. J’ai été acceptée dans cette tribu, dans laquelle j’ai trouvé beaucoup d’ouverture d’esprit, de gentillesse. Je me suis sentie en sécurité dans ce milieu.

ANR : Je me suis un peu renseigné sur le mouvement « néo-romantique », et j’ai appris que la collection de mode « néo-romantique » présentée en 1981 par Vivienne Westwood s’intitulait « Pirates »…

CD : Oh, ben dis-donc !

ANR : Visions of Atlantis ne serait-il pas finalement un groupe « néo-néo-romantique » ?

CD : De toutes façons, j’adore le classique et le romantique, ainsi que les thèmes y étant liés tels la liberté, l’amour, l’exploration de l’âme, de l’humanité, et cætera… Ces thèmes sont ceux que Visions of Atlantis développe, donc je ne trouve pas si faux que cette étiquette nous soit associée (Rires)

ANR : Quels sont tes artistes préférés ?

CD : C’est très difficile pour moi de répondre à cela. Comme évoqué, j’ai eu ma période metal, j’ai eu Nightwish comme groupe préféré, après j’ai changé, j’écoute de la musique orchestrale, des bandes originales de films, j’adore la musique cinématique, je revendique clairement le metal sympho et le classique, j’écoute même des comédies musicales.

ANR : As-tu rencontré certaines de tes idoles ?

CD : Oui ! Et j’ai même partagé la scène avec elle, avec Tarja ! C’était pour deux concerts en janvier 2020 juste avant la pandémie, pour fêter ses quinze ans de carrière. C’était véritablement formidable, car nous étions une quinzaine de musiciens sur scène à tenter de reproduire le son exact de ses albums ! Batteur, percussionniste, plusieurs guitaristes, et du coup, j’ai été contactée afin de faire les chœurs ainsi qu’un duo avec elle, c’était génial ! (Sourire)

ANR : A quelle période de l’histoire aurais-tu voulu vivre ?

CD : A l’époque, quand j’étais ado ?!? (NDA : écarquille les yeux) J’aurais voulu vivre à la fin du dix-neuvième siècle en Angleterre !!! (Rires) C’est encore une fois le côté romantique, même si c’est un peu cliché. C’est comme les gens qui me disent « J’aime le Moyen-âge », je leur réponds « Non, c’est moche et c’est brutal le Moyen-âge », même s’il y a deux ou trois jolies choses dedans (Rires) Après, je parle d’époques que je n’ai pas connues. Egalement, je dirais les années quatre-vingt, ça devait être cool les années soixante-dix et quatre-vingt… Ces quelques décennies après la guerre, où tout était encore en expansion, où il était facile de trouver un boulot et de quitter ses parents, où il n’y avait pas de chômage, la guerre…

ANR : Quel sujet d’actualité t’a le plus marquée ?

CD : Assez difficile de partir en tournée avec le cœur léger début mars alors que la guerre éclate en Europe. Après, j’étais aux Etats-Unis pendant la campagne des élections présidentielles, que je n’ai pas eu à suivre et c’est tant mieux, j’ai donné une procuration à ma Mère !

ANR : Seras-tu présente au Hellfest 2022 ?

CD : Non ! Pas cette fois…

ANR : Tu as le mot de la fin…

CD : Je souhaite remercier toutes les personnes qui nous ont écrit durant la pandémie, afin de nous manifester leur amitié, qui ont acheté notre dernier DVD ainsi que nos places de concerts afin de nous soutenir. Nous avons continué d’exister durant cette période, en dépit du fait qu’il a été très difficile pour les musiciens de vivre ces derniers mois. Ces personnes auront bientôt « Pirates » entre les mains.

ANR : On a parfois l’impression que Visions of Atlantis est un groupe tout neuf, alors qu’en fait cela a vingt ans…

CD : C’est exactement le sentiment qu’on a ! (Rires)

ANR : Encore merci !

CD : Merci, à bientôt !

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