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Chronique de Heavy Metal Rules – Steel Panther

mercredi/02/10/2019
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Groupe : Steel Panther
Album : Heavy Metal Rules
Label : Steel Panther Inc.
Date de sortie : 27 Septembre 2019
Note : 8/20

Nous sommes en 2009 : un quatuor venu tout droit de Los Angeles, habitué jusqu’alors à enchaîner les dates sur le Sunset Strip, réussit à mettre le public dans son lit en sortant son premier album, Feel the Steel. Leur recette ? Une parodie de glam metal façon Poison, Van Halen ou Mötley Crüe, une philosophie « sexe, drogues et rock’n’roll » poussée à l’extrême, des paroles humoristiques volontairement trash, grossières et misogynes et des concerts ponctués de vannes graveleuses et de filles dénudées sur scène, à mi-chemin entre un spectacle de stand-up et la scène d’un strip-club. Dix ans plus tard, la libido de Steel Panther n’est toujours pas en baisse et le groupe sort aujourd’hui son cinquième album, Heavy Metal Rules. Mais de notre coté, est-on toujours autant sous le charme ?

Si l’excitation était déjà largement redescendue avec leur précédent album Lower the Bar (2017), force est de constater que ce Heavy Metal Rules ne nous ferra aucun effet dans le pantalon!

 

Steel Panther est devenu un très mauvais coup

On avait déjà pu s’en rendre compte dans l’album précédent mais le constat est aujourd’hui sans appel : la blague n’est plus vraiment drôle ! Steel Panther assume son concept et continue de faire ce qu’il fait depuis ses débuts, à savoir des chansons trashs qui vantent leurs déboires sexuelles et leurs nombreuses conquêtes. Oui mais voilà, défendre son concept et son identité, c’est bien ; tomber dans la facilité en se reposant sur ses lauriers, c’est carrément moins bien ! On a souvent l’impression, en écoutant Heavy Metal Rules, que les membres du groupes n’ont fait que recycler leurs anciennes chansons. Vous avez aimé « Death To All But Metal » en 2009 ? Voici donc « Heavy Metal Rules » en 2019, avec presque les mêmes paroles en bonus (« kill Madonna too and then fuck her in the butt » devient « Madonna, she’s a dick« ). Vous avez aimé « I Like Drugs » en 2011 ? Tenez, voilà « Let’s Get High Tonight » en 2019 !

Et que dire des gimmicks du groupe dans les paroles, qui avaient certes beaucoup amusés le public dans les premiers albums, mais qui semblent ici surjoués et utilisés à outrance ? Quand les refrains de deux chansons successives répètent « everybody can suck my dick » (« Fuck Everybody » et « Heavy Metal Rules »), on doit se rendre à l’évidence : il n’y a plus aucune inspiration de la part du groupe.

 

Une partie de jambes en l’air d’un ennui mortel

Bien sûr, il y a ici quelques bonnes idées qui prouvent que les membres du groupes seraient tout à fait capables de faire preuve d’originalité en y mettant un peu plus de bonne volonté, plutôt que de se reposer avec fainéantise, sous couvert de la caricature, sur les mêmes blagues, les mêmes refrains, ou les mêmes schémas de chansons. On pense notamment à la chanson éponyme et son coté beaucoup plus sombre et heavy ou son intro au piano, ou au riff ultra heavy de « I’m Not Your Bitch ».

Musicalement, le quatuor hollywoodien se démène. Michael Starr (chant) assure toujours et n’a pas grand chose à envier à David Lee Roth, et les musiciens sont impeccables : preuve en est, par exemple, l’intro de batterie sur « All I Wanna Do Is Fuck (Myself Tonight) » ou chacun des solos parfaitement maîtrisés de Satchel (guitare). Le problème tient là encore de la fainéantise dans les compositions, et un schéma qui se répète quasiment chanson après chanson, avec des solos systématiques et sans surprise après le deuxième refrain. Comme si ces « Gods of Pussy » n’étaient capables de nous satisfaire que dans une seule position …

 

 

Un rapport très court et vraiment pas inspiré

Tout dans cet album donne ce sentiment que la parodie facile l’a totalement définitivement emporté sur la musique. On pourrait aussi parler du titre et de l’artwork de l’album (à peine battus dans la catégorie pire pochette de l’année par le dernier album de Dragonforce), du fait que deux chansons de l’album parlent (encore) des infidélités de la copine de Michael Starr, ou bien analyser les paroles hautement réfléchies de « Fuck Everybody » (« stepped into some dog shit coming home last night […] I donʼt even own a dog« ). Finalement, l’album en lui même résume parfaitement cette flemme avouée à demi-mot : seulement 9 chansons pour 35 minutes de musique (les deux premiers albums comportaient entre 12 et 14 morceaux pour un minimum de 45 minutes). C’est peut-être un hommage aux albums des années 80 qu’ils aiment tant (après tout, Shout At The Devil ou 1984 sont tout aussi courts), ou c’est peut-être tout simplement du foutage de gueule. À vous de juger.

 

J’ai adoré Steel Panther depuis leurs débuts. Entre 2012 et 2017, j’ai été les voir jouer 5 fois en concert, j’ai chez moi leurs deux premiers albums en vinyles et le Blu-Ray live de leur British Invasion. Mais leurs shows sont aujourd’hui aussi calibrés et peu spontanés qu’un concert de Rammstein, avec les mêmes blagues encore et encore, voire les mêmes filles qui montent sur scène sur la même chanson à la fin. Et maintenant, on peut en dire pareil de leurs albums, de leurs chansons, de leurs clips … L’heure est venue de rompre je crois.

Ce cinquième album de Steel Panther a bien failli ne jamais voir le jour : à la suite d’une fausse manipulation, tout ce que le groupe avait enregistré a été effacé et ils ont été obligés de recommencer l’enregistrement en entier. Ils auraient peut-être dû y voir là un signe …

 

 

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