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Bliss of flesh

Interview avec Sikkardinal et Necurat du groupe Bliss of Flesh

lundi/16/09/2019
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A l’occasion de leur concert au Hellfest, nous avons rencontré Sikkardinal et Necurat, du groupe Bliss of Flesh,  pour débattre spiritualité, philosophie et leur futur album.

 

Art N Roll : Votre dernier album en date est « Empyrean » (2017), qui marque la fin de votre trilogie sur la Divine Comédie de Dante, quelque chose de prévue pour lui succéder ?

Sikkardinal (guitariste) : Très bonne question, éminemment pertinente puisque, justement, ça nous permet de faire la promotion du prochain album qui est quasiment bouclé. Il a été composé, les parties chants ont été enregistrées, le reste est en remixage, remastering incessamment sous peu et devrait sortir début janvier 2020 chez Listennable. L’album sera intitulé « Tyrants » et s’inspire cette fois-ci, selon les lectures oh combien enrichissantes de Necurat, de La Boétie sur les « Discours de la servitude volontaire ». On le retrouve aussi chez Montaigne.

 

ANR : Vous faites dans le spirituel ?

S : Oui, c’est le truc qui nous fait vibrer, qui nous parle et on aurait tort de s’en priver. A l’échelle de nos moyens, on a toujours essayé de lutter contre l’obscurantisme. La meilleure façon qu’on est trouvé pour le faire c’est à travers des textes qui pour moi se basent sur une réflexion, intéressante ou pas, là n’est pas la question, qu’elle soit bien interprétée ou pas non plus, on peut s’inspirer d’un livre. Le but n’étant pas de le recracher tel quel, mais de voir ce qu’on en a compris et notre vision personnelle de celui-ci et c’est un peu ce qu’on fait au quotidien de toute façon, dans nos métiers respectifs, c’est lutter contre la bêtise crasse, qui m’insupporte au plus haut.

 

ANR : Il y a du boulot…

S : Oui je sais, mais si on ne le tente pas, qui le fait ?

 

ANR : La musique est un moyen.

S : Oui, la musique est un vecteur que je trouve pertinent. On peut avoir des résultats incroyables pour ceux qui se donnent la peine de lire les textes, ou qui s’intéressent au livres indiqués comme référence derrière le livret en se disant « tiens c’est pas mal ça, pourquoi pas ? » comme la Divine Comédie de Dante et donner à certaines personnes l’envie de le lire ou le relire. Je suis extrêmement content.

 

ANR : Lord of Chaos sort au cinéma, que pensez-vous de la vulgarisation du black metal ? Est-ce une bonne chose ?

Necurat (chanteur) : De toute façon, le metal, de manière générale, depuis pas mal d’années est vulgarisé. Si un festival tel que le Hellfest existe, c’est qu’il y a des gens qui viennent et ce ne sont pas tous des puristes qui écoutent du metal extrême depuis 20 ans, on est d’accord. Donc concrètement qu’il y ait un film comme ça qui sort, on aime ou on n’aime pas mais je ne suis pas étonné.

S : Je ne me sens pas forcément touché par ce genre de film. La légende qu’il y a autour, elle me parle mais le fait de le mettre sous cette forme visuelle qui a derrière un énorme intérêt commercial, clairement affiché aussi, ça m’intéresse déjà beaucoup moins. Après ça n’engage que moi.

N : J’ai lu le bouquin et j’ai maté le film pour voir, mais je l’ai pris en mode dilettante, pas pour argent comptant. Après, il y a 20 / 30 ans, on était là à se dire, dans le métal il n’y a rien qui se passe, on galère pour avoir des concerts, personne ne veut booker. Maintenant c’est tout l’inverse, il y en a partout, sur les médias, maintenant tout le monde connaît le Hellfest, tu es metalleux « ça rassure plus qu’un rappeur ». Avant, quand tu étais un hardos c’était beaucoup plus galère, tu n’avais pas l’aspect nettement plus ostentatoire de maintenant.

S : C’est paradoxal, c’est plus difficile de jouer.

N : Oui mais tu sors de chez toi, tu parles du Hellfest, tout le monde connaît. Que les mecs aiment ou pas, ils connaissent. Après, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

 

ANR : Des a priori on en aura toujours malheureusement. Je le vois à mon travail, on est toujours un peu comme des bêtes de foire.

S : Ah oui, vraiment ? Je rejoins plutôt l’avis de Necurat sur la vulgarisation. De toute façon si tu es metalleux, tu as forcément une apparence de brute avec un petit cœur tendre ou tu es un gros nounours super gentil avec une petite barbe qu’on aurait envie de tripoter. Alors, tu vois ce n’est pas du tout ma perception du truc, absolument pas. Moi je pense être plus en adéquation avec les a priori des gens, ça me correspond plus. Mais pourquoi pas, chacun se fait son avis sur tout, il faut de la place pour tout le monde.

 

ANR : C’est aussi pour ça qu’il y a un large éventail de style dans le metal.

S : Le metal ne veut pas dire grand-chose.

N : Et après tu parles de Lord of Chaos, la mode est aux biopics actuellement, entre Bohemian Rhapsody et The Dirt, tout le monde y passe. C’est dans l’air du temps.

S : C’est qu’il y a une demande.

 

ANR : Qu’est-ce qui vous fascine dans toutes vos lectures ?

S : C’est notre façon de lutter contre l’obscurantisme, la bêtise. C’est le jeu des contrastes qui m’intéresse tout particulièrement. On est quand même une matière extrêmement complexe en tant qu’être humain avec à la fois un mélange de fini et d’infini, de bon et de mauvais, d’aspiration à l’éternel et à la vie d’athé. J’aime beaucoup cette opposition qui nous anime et je trouve qu’on s’interroge trop rarement sur ce qui fait qu’on se lève le matin et qu’on a envie de vivre et de mourir, tout dépend comment on voit la question. On manque d’intensité parfois dans nos vies et ces lectures nous ramènent très souvent à ce qu’on est. Pour répondre à ta question, l’enrichissement personnel que ça apporte et l’ouverture d’esprit qui va avec. C’est ça qui me parle.

 

ANR : C’est sûr que c’est moins facile de lire que tous les divertissements qu’on peut avoir à la télé ou autre…

N : un divertissement n’est pas forcément c**, ce qui est complexe n’est pas dénué d’intérêt et comme on a tendance à simplifier de plus en plus les choses et qu’on vit dans un monde relativement d’handicapés, tout arrive très vite voire prémâché, ça fait du bien temps en temps de se sortir les doigts du cul et de faire face à ses propres failles. Si tu ne t’interroge pas sur toi-même comment peux-tu percevoir le monde qui t’entoure ?

S : Les lectures pour moi, c’est à la fois un enrichissement personnel mais aussi ça me permet d’être un support et un outil intéressant dans l’expression que je peux en faire, ça me nourrit. Je ne monte pas sur scène juste pour faire de la musique, pour le fun, je le fais parce que je dois le faire. Les ouvrages sur lesquels on planche pour servir d’inspiration sont quelque chose qui nous sert et nous paraît primordial dans ma démarche introspective et au travers de l’écriture.

 

ANR : Pour revenir à votre prochain album, avez-vous pris le même artiste ? Qui, par ailleurs a fait un travail magnifique sur Empyrian.

S : Oui bien sûr. Balázs Jacsó plus connu sous le nom de Nagash qui est un artiste hongrois méconnu mais particulièrement talentueux qu’on a la chance de connaître aussi en tant qu’ami proche, il est venu plusieurs fois chez nous, on se connait bien et c’est quelqu’un que j’aime énormément par sa perception de la vie, par sa façon de regarder les choses, il a un regard artistique, il y a des gens comme ça, qui ont le regard en plus, qui vont prêter attention à ce qui n’a pas d’importance de prime abord mais qui vont en révéler toute la saveur. Ce sont ces gens-là qui par un coup de crayon, un coup de pinceau vont réussir à faire vivre un univers que tu ne soupçonnerais pas quasiment comme s’il était capable de créer une couleur qui n’existerait pas. Ce tableau me fait penser à ça, je n’arrive pas à comprendre la couleur par exemple, je regarde le jeu des nuances, des ombres, la luminosité qui est dedans, tout est tellement marié, je ne comprends pas.

N : C’est quelqu’un qui est capable surtout de pouvoir mettre en image notre musique alors qu’on ne l’avait jamais rencontré physiquement. Pourtant on bosse avec lui depuis 10 ans. Là ce sont les joies d’internet. On l’a rencontré physiquement il y a 2 ans et auparavant on ne s’était jamais vu. Tout se faisait par internet. C’est assez bluffant d’avoir quelqu’un qui arrive à être autant en osmose avec nous. On a vu son évolution également.

S : Il a évolué en même temps que nous. Il avait bossé sur le split qu’on avait fait à l’époque avec Warhammer, la pochette sur le vinyle était de lui et toutes les autres pochettes sont de lui également. Il passe par des moyens différents, des médias différents. Par exemple la peinture, ce n’est pas un moyen qu’il pratiquait avant étant plus dans la manipulation de photos et d’images, le fait de se tourner vers la peinture nous a parlé immédiatement. C’est exactement ce qu’on cherchait à atteindre et ce sera de même pour le prochain.

 

ANR : Hâte de voir le résultat.

S : On espère t’éblouir encore, le tableau est chez lui si tu veux le voir en vrai. (rires)

 

ANR : Sinon, vos projets, en plus du prochain album ?

S : Concrètement, nos projets sont de finir de composer l’album, on a également 3 dates pendant l’été et après quelques dates à la rentrée, l’idée c’est de sortir l’album début 2020 pour ensuite le promouvoir sur scène avec quelques dates qui vont arriver incessamment sous peu.

 

ANR : Tout devrait bien s’enchainer.

S : Oui on l’espère.

 

 

Twitter : https://twitter.com/BLISSOFFLESH

Youtube : https://youtu.be/F-LQAdmEDM4

 

 

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