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Interview de Joel Ekelöf du groupe SOEN

dimanche/06/01/2019
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Rencontre avec Joel Ekelöf, chanteur du groupe suédois SOEN à l’occasion de la sortie de leur nouvel album « LOTUS ».

 

Art N Roll : C’est une période particulière dans la vie d’un album à laquelle on se rencontre. L’album est terminé, mais pas encore sorti, et tu dois en parler tous les jours. Comment est-ce que tu vis ça ?

Joel Ekelöf : Je suis anxieux de présenter l’album aux fans, car je vis avec cette musique depuis longtemps. J’ai envie de connaître les réactions des personnes, et cette période d’attente est à la fois stressante et frustrante. En même temps, je comprends que ça marche ainsi.
Quand j’étais plus jeune, j’adorais avoir l’information que tel CD sortirait tel jour pour me rendre au magasin et l’acheter dés sa sortie.

 

ANR : Vous avez déjà reçu des retours très positifs avec les premiers singles

Joel : On s’est sentis soulagés avec les premiers retours, mais nous étions déjà très satisfaits de l’album pour nous. J’ai l’impression que l’on tient enfin le son de SOEN. C’est exactement ce que l’on voulait, et je serais triste si les personnes ne comprennent pas l’album.

 

ANR : Sur Twitter tu as récemment dit que cet album était un pas dans la bonne direction musicalement et visuellement. C’est une façon intéressante de présenter les choses, places-tu le visuel au même niveau que la musique ?

Joel : Je dirais que la musique reste le principal composant. Mais le visuel, est très important car je fais ressortir mes souvenirs et mes émotions dans ma musique et j’aime que le visuel soutienne cet effort. La musique et le visuel marchent main dans la main, c’est un tout.

 

ANR : Tu es donc très impliqué sur ces aspects visuels ?

Joel : Nous sommes impliqués dans tous les aspects de notre musique, de la composition à la production en passant par l’image. Les agents, les labels, les tourneurs, ils ne peuvent pas comprendre qui nous sommes, nous avons besoin de faire ça par nous-mêmes. Nous sommes têtus, la perfection est un idéal. (rires)

 

ANR : Si on prend l’exemple de la vidéo « Martyrs », avez-vous écrit le scénario, vouliez-vous prendre position sur le sujet ?

Joel : On avait une idée générale de ce que l’on voulait faire, mais on a laissé notre directeur faire ce qu’il voulait. On lui a fait confiance. IL faut laisser de la créativité avec les artistes, on ne peut pas tout micro manager.

 

ANR : Quelle a été ta première impression en regardant le résultat ?

Joel : J’ai adoré. Les personnes de ce clip jouent leur propre rôle, ce sont de vraies Dragqueens. Ils voulaient renvoyer une image positive de qui ils sont.

 

ANR : Ce que j’aime c’est que lorsqu’ils se baladent dans la rue on les sent être eux-mêmes, il n’y a ni mépris, ni arrogance envers les autres. C’est une émotion difficile à capturer, et c’est réussi.

Joel : C’est exactement ça, être fier, mais ne pas être suffisant ou arrogant oui.

 

ANR : J’ai apprécié le fait que tu aies partagé les paroles de l’album sur les réseaux sociaux. Il y dans ton écriture une certaine profondeur et de la poésie, mais également différents niveaux de lecture.

Joel : Je dois admettre que pour cet album Martin m’a beaucoup aidé dans la rédaction des paroles, ainsi que les autres musiciens. C’est un vrai effort collectif.

 

ANR : C’est surprenant car à la lecture on a vraiment l’impression d’une unité dans le style littéraire.

Joel : La plupart du contenu est généré par moi et Martin. Nous travaillons comme si nous étions une seule et même entité car nous partageons une vision commune de ce que nous voulons partager et comment nous devons sonner.

 

ANR : Lors du précédent album il semblait que tu avais beaucoup de colère à faire sortir, quelles émotions souhaitiez-vous faire ressortir avec cet album ?

Joel : On se concentre toujours sur nos expériences et nos ressentis. Mêmes si les sujets sont des événements sombres et douloureux nous essayons d’en extraire de la force, nous prenons les douleurs et travaillons dessus pour en faire sortir de la force. Quand on écrit sur la société, il peut y avoir de la colère qui sort, mais on a envie de pousser les gens à agir, pas juste à être en colère. Il ne faut jamais abandonner, mais aller de l’avant.

 

ANR : Tous vos titres sont en un seul mot. Des mots complexes qui attirent l’attention car leurs sens sont nombreux. Quelle est l’intention derrière ça ?

Joel : C’est tout à fait intentionnel. Nous voulions projeter un thème en un mot. Nous voulions interpeler les gens.

 

ANR : Quand on prend un titre comme « PENANCE » on peut voir plein de significations. Il y a un rapport avec la culpabilité, et chacun va avoir des raisons différentes de se sentir coupable.  Il y a cette possibilité de se poser la question de ce que ça évoque pour moi, et donc de commencer un cheminement intellectuel avant même d’entrer dans la musique.

Joel : Je suis très heureux d’entendre ça. C’est exactement que je voulais faire. C’est important que chacun en fasse sa chose.

 

ANR : Les paroles sont personnelles, mais vous n’utilisez jamais le pronom « je ». Il y a toujours une forme de distance, malgré l’intimité des textes. Pour certains morceaux comme « Rivals », les niveaux de lecture possibles font que pour une personne comme moi je vais voir un lien avec l’environnement et le changement climatique alors qu’une autre personne aura des pensées complétement différentes.

Joel : Exactement. Si on utilise le « je » on prend le risque d’imposer une histoire, une émotion et ce n’est pas ce que je cherche à faire. J’aime parler de moi tout en touchant d’autres personnes.

 

ANR : Qu’en est-il du son ? Pour le dernier album vous aviez choisi de travailler sur un son organique, vous assumiez un rejet total des productions trop lisses, trop produites et trop digitales.

Joel : On a travaillé de manière totalement différente. Le précédent opus était une expérimentation. Nous avons travaillé depuis le début avec un producteur. Nous avons écouté ce qu’il avait à nous dire, c’était pas facile pour nous car nous sommes de vrais control freaks. Nous avons senti que nous pouvions lui faire confiance. Nous nous sentons suffisamment en sécurité avec notre son pour prendre le risque de laisser une personne extérieure nous influencer.
Au début c’est effrayant, il y a la peur de la perte de contrôle, mais le résultat est gratifiant.

 

ANR : Il y a donc un côté thérapeutique dans cette démarche. Tu apprends à lâcher prise avec une autre personne. Ça pourra faire l’objet d’un prochain morceau, puisque l’on sent que la musique te permet de faire face à tes peurs.

Joel : Tout à fait, ça me permet d’évoluer et c’est ce que je recherche. Quand on parle de sujets liés au passé ça devient auto-thérapeutique. C’est vraiment comme aller chez un psy. Ecrire demande d’y réfléchir, et donc de se poser des questions. C’est un processus très naturel.

 

 

 

 

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