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David Jones « Bowie » (1947-2016)

mercredi/13/01/2016
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                                                                  David Jones « Bowie » (1947-2016)

 

Quelques dizaines d’heures après la mort de l’Artiste, les hommages sont déjà foison. Certains fadasses car convenus (il faut bien que notre ministre de la Culture justifie ses émoluments…), d’autres plus légitimes, tels ceux de Brian Eno (qui plus est, est court et poignant), Billy Idol, Mick Jagger, Ringo Starr, Ron Wood ou encore (et bien sûr) Iggy Pop. Plus celui de centaines de milliers d’anonymes qui y vont de leur mot, post vidéo, photo ou autres. Au sujet du départ surprise du Thin White Duke, deux petites choses pourraient être retenues.

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La première concerne Bowie. Sa zone d’influence artistique est probablement la plus vaste de toute l’histoire de la musique contemporaine (avec Hendrix, probablement… lequel a réussi pareille prouesse en seulement trois ans et albums). En témoigne l’extrême diversité des origines des hommages rendus ici et là : de Pat Metheny à Sonic Youth en passant par Niles Rodgers (Chic), tous reconnaissent l’influence de feu David Jones. Soit celle d’un album précis, soit celle de l’intégrale de son Œuvre (même le mal-aimé « Let’s Dance »). De la pop anglocentrée (Madness ou Blur) au gothique (Bauhaus), en passant par l’electro (Air), Bowie a souvent laissé quelque chose. Y compris de par chez nous. A ce titre, la liste des metalheads et assimilés s’étant manifesté ces heures dernières afin d’écrire leur tristesse sur la toile est révélateur, toutes générations et genres confondus : AC/DC (qui ont eu des débuts Glam), Flea (quatre Tweets désespérés), Slash, Paul Stanley, Tommy Thayer, Vince Neil, Mick Mars, Ozzy, Kirk Hammett, Phil Campbell, Pearl Jam, Tom Hamilton, Nikki Sixx, Bill Ward, Alice Cooper ou encore Scott Ian…

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Et à ce titre, nul doute que le Starman a influencé la musique lourde et rapide. Certes, moins que Led Zep’ (qu’il n’aimait pas trop) ou que Black Sab’, mais de manière interposée, par ricochet… « Ricochet », d’ailleurs un de ses titres de 1983… Entre autres exemples, le défunt dit un jour de KISS : « Ces gens-là ne le savent pas, mais ils me doivent leur fortune ». Arrogant… mais pas tout à fait faux : outre le maquillage, le ballet à la fin de « Deuce » ou de « Black Diamond » ressemble à celui de « Moonage Daydream ». Sinon, où est-ce que Mötley Crüe a été pioché sa stratégie « on change de personnages et de musique à chaque album » ? Nikki Sixx a cité l’inspirateur dans une ITW de 1986… L’album « Mechanical Animals » de Marilyn Manson, est la suite directe (et brillante) d’Aladdin Sane, à vingt-cinq années d’intervalle (d’ailleurs, une fausse pochette « Oméga and the Mechanical Animals » figure dans le livret intérieur du disque… référence à peine voilée de Warner à « Ziggy and the Spiders from Mars »). Ou encore le fait que « Suffragette City » devait initialement figurer dans l’album « The Spaghetti Incident » de Guns’n’Roses…

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L’influence de Bowie sur les artistes et la musique appréciée chez Art’n’Roll se rattacherait (pour schématiser, hein) à deux périodes distinctes : les albums « Hunky Dory », « Ziggy Stardust » et « Aladdin Sane », de 1971 à 1973, où l’idole voulant devenir légende se crée ses personnages Glam (ou disait alors « Glitter ») lesquels fusionnent avec la guitare du très mésestimé Mick Ronson (un des héros des mecs de Def Leppard). Cette parenthèse poudrée et maquillée de trois ans aura influencé nombre de groupes androgynes, aimant les guitares anglaises et le strass. Une pensée au passage pour Mick Ronson, qui a retrouvé son ingrat patron, après vingt-trois ans de séparation physique… La seconde période cruciale, est celle allant de « Station to Station » à « Lodger », avec « Heroes » en son centre : sombre, allemande et expérimentale… Glaçant les années 1976-1979, elle impactera sur des artistes et formations plus extrêmes et branchées synthétique (NIN notamment). Bowie, comme Lou Reed, est un des Pères de l’Indus.

La seconde chose à tirer de cette disparition est nettement moins positive. Quinze jours, après Lemmy, c’est un autre Géant qui s’en va. 70 ans au compteur (du Bomber) pour l’un, 69 ans tous frais pour l’autre. Il va bien falloir se rendre à l’évidence : nous sommes en 2016, et nous quittons petit à petit l’orbite de la seconde moitié du Vingtième siècle, « Ground Control to Major Tom… »… C’est déprimant à taper (et probablement à lire, désolé), mais Lemmy et Bowie ne sont que les premiers d’une très longue liste de Rockers à mourir tués par la mort, non de manière prématurée… Et ces deux-là viennent, de concert presque, de quitter les pages de nos magazines et fanzines, afin de définitivement entrer dans celles des livres d’histoire, celle des années 1960-2010.

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