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Interview de Qamelto

jeudi/04/04/2024
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Rencontre avec Raphael et Jérémy de Qamelto

Merci à Roger de ‘ Where the promo is’

Angélique Merklen pour son aide.

Réalisée au feelgood bastille.

Art ‘N’ Roll : Présentez-vous s’il vous plaît !

Raphaël : Raphaël et Jérémy de Qamelto, les deux meilleurs, les deux beaux gosses.

Jérémy : Bonsoir…

 Art ‘N’ Roll : Jérémy à la batterie ?

Jérémy : Oui. C’est ça.

Art ‘N’ Roll : Et le chanteur, Raphaël.

Raphaël : Protagoniste !

Art ‘N’ Roll : Qu’on ne présente plus maintenant parce qu’on commence à te connaître à travers tes vidéos.

Raphaël : Bien sûr, je suis un peu la figure de proue de ce groupe.

Art ‘N’ Roll : Tu peux me présenter les débuts, comment vous vous êtes connus ? Vous êtes de Clermont-Ferrand ?

Raphaël : Tout à fait, on est de Clermont.

Raphaël : Au début c’est avec Jérémy le batteur et Thomas le guitariste qu’on se connaît. On participait à un petit trio avec lequel on tournait en 2017. Parce qu’on est intermittents du spectacle, on jouait des reprises. Mais vite, l’envie est venue de faire de la compo dans un style qu’on aime : le rock bien puissant, américain ou anglo-saxon, à la Foo Fighters par exemple. On a commencé à réfléchir et on a monté Qamelto.

On avait un autre bassiste au début – Alex n’est pas notre premier bassiste. En 2019, on crée Qamelto et dans la foulée on sort notre premier EP de six titres, Sors…

Jérémy : On a donné un concert.

Raphaël : Oui, on a fait un concert et on a pris le COVID ! Genre deux semaines après le concert, annonce du COVID. Merci, bonsoir ! Rideau pendant deux ans. Puis, en 2022 et en 2023, on reprend les concerts. On en a donné entre quarante et cinquante par an et on commence à trouver un peu notre public.

Comme il est difficile de défendre un EP qui avait déjà deux, trois ans d’ancienneté, on s’est dit : « il faut qu’on s’y mette, qu’on sorte un album ».

Jérémy : C’est le temps de se lancer parce que pendant le COVID on avait commencé à travailler sur des compos.

Raphaël : Alex est arrivé à la basse à la fin du COVID et ça a directement très bien matché entre nous. On a bossé sur l’album et on a enregistré il y a un an pratiquement. Le temps de peaufiner les masters, les pochettes, tout ce qui va autour d’une sortie et voilà ! On l’a sorti il y a une semaine, le 15 mars.

On a l’impression d’avoir livré ce qu’on voulait montrer : c’est à dire qui est Qamelto. C’est vraiment cette musique, cette énergie, c’est du gros rock ! Nous, on le considère musicalement comme à l’américaine ou à l’anglaise, mais avec des paroles en français. Parce que le français est notre langue maternelle et on la trouve tellement chouette. Pour nous, exprimer, il est logique de le faire avec la langue française, c’est la nôtre et, chanter en anglais, les Américains et les Anglais vont le faire mieux que nous, donc autant leur laisser la place et nous on fait ce qu’on sait faire : du français.

Art ‘N’ Roll : Quand vous avez sorti votre premier EP, c’est rentre-dedans, avec des paroles quand même assez crues, qui restent gravées dans la tête.

Raphaël : Tu me fais penser à Ferme ta Gueule par exemple.

Art ‘N’ Roll : Ferme ta Gueule, oui. Alors on est impressionnés, on se dit : est-ce que c’est voulu ? Est-ce que vous avez voulu donner un bon coup de gueule dans le premier EP pour vous faire connaître ?

Raphaël : Non ! Ce n’est pas pour se faire connaître. Parce qu’on n’en est pas là. L’idée, c’est de faire une musique qu’on aime. On est comme ça. Tu vois, tu es arrivé il y a une demi-heure et je crois que tu as dû entendre que ça balance des conneries toutes les trois minutes. On aime bien déconner. On aime bien choquer, mais dans le bon sens. Parce que Ferme ta Gueule

Jérémy : Il faut qu’il y ait une pointe de second degré.

Raphaël : Voilà. Et ce n’est pas non plus l’expression du siècle. On a tous dit un jour « ferme ta gueule » à quelqu’un, ou on l’a pensé très fort en tout cas. C’était juste histoire de dire qu’il y a beaucoup de gens qui vont se retrouver dans cette expression-là. Parce qu’il y a un ras-le-bol dans tous les domaines et on a envie de dire « ferme ta gueule » et ça fait du bien ! C’est ce qu’on a voulu faire avec cette chanson, comme une sorte d’exutoire. Choquer ? Non. On n’a jamais voulu choquer ; encore une fois, si on avait voulu choquer, on aurait dit « fils de pute » au lieu de « ferme ta gueule ». « Ferme ta gueule », ce n’est pas non plus…

Jérémy : (Rires)

Art ‘N’ Roll : Vous vous en prenez un petit peu aux réseaux sociaux ?

Raphaël : Oui, carrément. Mais on en fait partie ! C’est vrai qu’on aime bien balancer des punch lines, on aime bien ce côté-là, mais on aime aussi en recevoir. Ceux qu’on balance : connards derrière les réseaux, on en fait partie aussi.

Jérémy : Bien sûr ! ça fait partie de notre génération. C’est notre mode de communication aussi, tout le monde s’en sert !

Raphaël : Bien sûr. Comme tu l’as dit, on voit ma gueule sur l’Instagram de Qamelto à faire des lives huit fois par jour, il y a forcément quelqu’un qui doit se dire : « Putain, l’autre connard, derrière son téléphone, il nous emmerde ! », tu vois, et « ferme ta gueule ! »

Raphaël : Je le prends et c’est trop cool !

Raphaël : On est toujours le con d’un autre !

Raphaël : C’est vraiment dans cet esprit-là ! On est très sérieux dans ce qu’on fait, ça ne déconne pas, on le fait professionnellement. On veut faire un truc carré, propre, donc c’est très sérieux, mais sans se prendre au sérieux. Il faut aussi que ça soit la déconne, parce que…

Jérémy : Parce qu’on est comme ça ! Tu imagines, on fait des milliards de bornes par année ensemble. Il faut que ça se marre !

Raphaël : Oui, c’est ça. De toute façon, on ne saurait pas faire autrement.

Art ‘N’ Roll : Donc, après ce premier EP, vous avez énormément tourné ?

Raphaël : Il fallait aussi qu’on se fasse connaître du public. En plus, on avait très mal géré la sortie de l’EP. On était novices. On avait contacté la presse et compagnie deux mois après, donc c’était mort en fait. Deux mois après, ils nous ont tous dit : « Les gars, il fallait nous contacter avant ! » On n’avait pas cette expérience, on a appris, du coup ! Et puis, la musique, ça se défend sur scène avant tout.

Jérémy : Parce qu’on est musiciens, ça fait plus de dix ans qu’on est intermittents. On fait de la scène, des concerts, donc rien de plus naturel que de tourner énormément.

Art ‘N’ Roll : Et de rentrer en studio ?

Raphaël : On s’est dit : « on va faire tous les concerts, même ceux qui sont refusés par certains parce que les conditions ne sont pas folles, on y va ! On en est de notre poche, mais on va y aller. Ce sont les débuts, on n’est personne, on a tout à prouver – et c’est toujours le cas –, allons-y ! » Force est de constater que ça marche, la fan base grandit, de plus en plus de gens nous suivent.

Jérémy : Notre financement participatif a bien fonctionné.

Raphaël : On sait que, en faisant du rock et notamment en français, on ne va pas être les premiers sur les playlists Spotify. On sait qu’on ne va pas être mis en avant comme la musique urbaine par exemple ou autre, comme la variété. Pour nous, ça se passe sur scène, parce que le rock est fait pour être joué en live, pour envoyer de l’énergie. Pour envoyer et recevoir aussi ; il doit se passer avec le public ! Et c’est ce qu’on défend.

Bien sûr, c’est le kiff d’aller en studio ; c’est bien, la période studio, elle est trop cool et de présenter ça ensuite au public, mais la réalité se passe sur scène.

Art ‘N’ Roll : On sent ton énergie quand tu chantes. Tu es un vrai sportif, tu bouges, tu virevoltes, on est impressionnés par ta façon de bouger.

Raphaël : Je dirais que c’est presque une autre partie de mon métier, je suis professeur de capoeira à côté. C’est un art martial…

Art ‘N’ Roll : Un art martial qu’on voit dans un des clips ?

Raphaël : Oui, tout à fait. Ça fait vingt-cinq ans que je pratique et j’en fais tous les jours de la semaine, donc effectivement j’ai ce côté sportif et j’y suis habitué. Je suis fan de groupes comme Bon Jovi…

Jérémy : … Maiden, les mecs ils sautent partout tout le temps.

Raphaël : Et Aerosmith, ça ne s’arrête jamais, ça court et ça saute partout ! Pour moi, il était inenvisageable de faire autre chose. Tu vois, Jay à la batterie, il frappe dans tous les sens et, à la moitié du premier morceau, il se met déjà torse nu parce qu’il a trop chaud. On a vraiment travaillé à la fin du COVID. On est partis en résidence pour travailler ça, pour ne pas être un groupe de plus – je le dis sans prétention, ou sans aucune critique, mais c’est un fait – qui va rester planté devant son micro à juste balancer des notes. Dans le rock, pour nous, ce n’est pas envisageable et l’énergie passe aussi par le mouvement. C’est vraiment cool parce que, comme je rate mon entraînement de capoeira quand je suis en concert, je fais mon sport et c’est bon, c’est réglé !

Art ‘N’ Roll : On va parler de cet album, Scotoma. Sept lettres comme Qamelto.

Raphaël : Ah oui ? Putain. Ben bravo ! Nous, on n’avait pas du tout tilté.

Raphaël : Ah ! mais non, pas du tout !

Art ‘N’ Roll : Scotoma, c’est la résine de l’œil qui ne perçoit pas certains détails ?

Raphaël : Oui. Le scotome. La racine en français, le terme physique et médical, c’est « scotum ». C’est une tâche dans le champ visuel. Après, il y a une définition plus psychologique : la scotomisation, qui veut dire le déni de réalité. On aime bien le double sens. Il y a un sens concret, un autre plus abstrait et on a voulu tourner autour de cette idée. Parce que, le déni de réalité, c’est aussi quelque chose qui est totalement…

Jérémy : Déni de la réalité ou d’un point de vue différent.

Art ‘N’ Roll : C’est ce qu’on retrouve dans chaque titre en fait. C’est le déni de la réalité de chaque titre. Chaque titre a ce côté-là ?

Jérémy : Chaque titre a plusieurs lectures, on le voit quand les gens nous en parlent. Ainsi, le premier titre, « L’Hôte », peut parler de la schizophrénie ou d’un problème de couple. Il y a plusieurs lectures possibles, c’est ce qui est intéressant.

Raphaël : Oui, que chacun puisse interpréter librement, c’est ultra important. Après, tu as des titres comme Ferme Ta Gueule par exemple, même s’il n’est pas sur l’album où La Plus Grosse, il n’y a pas quinze mille interprétations possibles, mais c’est une autre sorte de musique ; on aime laisser l’ouverture à l’interprétation – ce choix est aussi très français.

Art ‘N’ Roll : Alors, il y a le visuel de l’album.

Jérémy : Tout à fait, qui du coup rappelle la tâche du scotum dont tu parlais, les taches noires qu’on voit un peu dans l’œil.

Art ‘N’ Roll : C’est une véritable œuvre d’art !

Jérémy : Oui, c’est fait par un pote à nous, un peintre, un vrai artiste.

Raphaël : On essaye d’avoir cette ligne directrice, même s’il n’y a pas qu’un seul thème dans cet album, un thème central. Quand je dis « central », c’est aussi surtout dans la place qu’ont les titres de Lunia et Amédée. C’est l’histoire d’un peintre et d’une femme qui est sa muse. On a cette histoire autour de la peinture, d’où l’idée du tableau, le scotome qui s’intègre dans ce visuel. Tout a roulé, donc on ne s’est pas non plus posé quinze mille questions.

Jérémy : Aussi, pour ces deux morceaux, on peut avoir deux points de vue différents sur une même histoire ; ça rejoint le sens de la scotomisation, le déni et les différents niveaux de lecture.

Art ‘N’ Roll : Oui, il y a plusieurs histoires dans chaque titre. Il y a un titre sur la pédophilie, l’histoire de ce vengeur.

Raphaël : Oui, « Le Vengeur ».

Art ‘N’ Roll : Je me suis intéressé à son histoire dont on avait très peu entendu parler. Comment en êtes-vous venus à parler de ce fait divers (qui s’est passé en Alaska !) ?

Raphaël : En Alaska, oui c’est ça.

Jérémy : On dit Canada à chaque fois, mais c’est en Alaska, c’est ça.

Raphaël : Si tu veux, on essaie de trouver des thèmes originaux.

Jérémy : Pour raconter des histoires.

Raphaël : Oui, on aime raconter des histoires et malheureusement la pédophilie est un sujet d’actualité constant. Autour de nous, on sait qu’il y a potentiellement un pédophile. C’est malheureux, mais c’est comme ça.

Jérémy : On a deux papas dans le groupe.

Raphaël : Oui, et je pense que, pour tous les gens normalement constitués, c’est quelque chose qui n’est pas acceptable. On a entendu cette histoire je ne sais plus comment. Il y a eu en France à Paris, je crois, une petite fille qui avait été enlevée et c’est le papa qui a retrouvé sa petite fille et qui du coup avait attrapé le type ; avec ses potes, il l’avait envoyé à l’hôpital. En tant qu’homme et en tant que père, tu te dis : « que ce mec ait pu se venger est une très bonne chose ». Alors, c’est discutable philosophiquement et moralement.

Jérémy : En termes moraux et éthiques !

Raphaël : Mais, pour la plupart des pères, ils auraient aimé se retrouver à cette place. Enfin, s’ils avaient vécu ça, je pense qu’ils auraient aimé attraper la personne.

Ensuite, on est tombés sur l’histoire de ce mec qui effectivement avait été violé plusieurs fois dans son enfance, ainsi que son frère, par leur beau-père. Une fois adultes, ils ont décidé d’attraper les pédophiles qui vivaient autour de chez eux.

Jérémy : Oui, ils avaient les fichiers de la police.

Raphaël : Ils rentraient chez eux, ils les ligotaient, ils les éclataient à coups de marteau…

Raphaël : Voilà, tout est très discutable, mais on a trouvé que l’histoire valait la peine d’être racontée. Nous, on n’est pas là pour juger s’il méritait une peine de prison ou pas. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il ne méritait pas ce qui lui est arrivé quand il était petit et c’est la seule vérité.

Raphaël : On a essayé d’en parler sans que cela soit non plus trop cru et que ça soit : « Ah ! tu vois, il a niqué des pédophiles ». Non, ce n’est pas ça du tout.

Jérémy : Parce que, toi, tu as bien saisi qu’il s’agissait de ça, mais ce n’est pas tout le monde.

Jérémy : D’ailleurs, je suis un peu curieux, on s’écarte un peu de l’interview, mais comment tu as capté que c’était ça ?

Art ‘N’Roll : Qui écrit les paroles ?

Raphaël : C’est moi ! Le processus est toujours le même, j’écris les paroles à 80 % et on peaufine tous ensemble. On voit ce qui ne va pas, ce qui gêne certains ou pas et on peaufine. Pour la musique, c’est pareil : c’est généralement Thomas qui compose, ou alors, quand on a une idée, ça passe par Thomas pour qu’il donne la patte de Thomas, la patte Qamelto, qu’il y ait une ligne directrice dans les compos.

Art ‘N’Roll : On sent à partir de Amédée dans l’album un côté un peu prog, avec des voix féminines ?

Raphaël : Oui, c’est vrai.

Art ‘N’Roll : Est-ce que c’est une nouvelle direction ou bien vous vous dites : ça fait partie de notre répertoire ?

Raphaël : Ça fait partie de notre répertoire, on n’a pas de limite. On fait du rock dans tout ce que ça englobe et on veut que ça envoie !

Jérémy : On ne veut faire que ce qu’on aime.

Raphaël : Exactement. Et on aime la prog en plus.

Jérémy : Après, on a la limite de nos instruments, qu’on a un peu dépassée avec la cornemuse, la vielle ou les claviers, mais on reste sur scène un groupe de rock avec guitare, basse, batterie et chant donc on ne peut pas trop non plus se décaler. Il y a cette cohérence. Mais j’écoute aussi Porcupine Tree, on en est tous fans ; Alex le bassiste, lui, aime Dream Theater.

Raphaël : Même nous…

Jérémy : Oui, et ça va même jusqu’à Bon Jovi.

Art ‘N’Roll : Vous avez fait une reprise de Bon Jovi.

Jérémy : Oui tout à fait.

Art ‘N’Roll : Living on a Prayer ?

Raphaël : C’est mon groupe préféré. On a voulu faire une petite cover, on voulait faire une reprise sur scène.

Jérémy : Oui, on aime bien reprendre nos groupes préférés en fond ; il peut être cool de se lâcher dessus aussi.

Raphaël : Et on s’est dit : « Est-ce qu’on va faire une reprise de plus, comme tout le monde a déjà fait ? » Comme on chante en français, on a fait une reprise en français d’un truc américain. L’idée vient de là. On a refait le clip au plus près de ce qu’avait fait Bon Jovi – avec nos moyens à nous en revanche – et ça marche très, très bien en concert. L’idée, c’est de mettre notre patte, même si l’instru est un peu plus bourrine que celle d’origine. Parce qu’on est comme ça, et que Qamelto est un peu plus bourrin que Bon Jovi. Voilà, on fait à notre sauce.

On a aussi une reprise d’Extreme, de leur dernier album, Rise. C’était lié à un concours que le guitariste Nuno avait lancé. Mais pareil, on veut chanter en français, point barre.

Art ‘N’Roll : Vous ne vous voyez pas chanter en anglais un jour ?

Jérémy : Non.

Raphaël : On a le temps et, sur les projets d’avenir, on a déjà quelques pistes, on sait déjà quelques trucs qu’on veut faire. Mais, là, on est tellement concentrés sur la sortie de l’album et la tournée…

Art ‘N’Roll : La grosse tournée qui arrive, impressionnante !

Raphaël : Oui, qui suit. Et c’est du boulot ! Parce qu’on fait tout nous-mêmes. On n’a pas de tourneur et forcément c’est du taf, des heures et des heures au téléphone, par mail et compagnie.

Jérémy : Et du taf pour répéter la musique aussi.

Raphaël : Voilà, il y a tout. Et bosser sur des compos pour les prochains.

Art ‘N’Roll : Vous commencez déjà à penser au deuxième album ?

Raphaël : Oui. Forcément, on y pense parce qu’on sait que, si on veut que ce soit bien fait, il faut du temps. Donc on sait que, si on commence maintenant, ça ne va pas sortir dans six mois ; il faut bien compter deux, trois ans pour mettre ça en place correctement.

Jérémy : Nous, c’est ce qu’on aime faire, en plus : créer des morceaux, dans un coin de notre tête, il y a toujours un riff qui sonne.

Raphaël : Il y en a toujours un avec son téléphone qui chante un truc parce qu’il a une mélodie dans la tête dans le bus à trois heures du mat’ en revenant de concert : « Ouah, putain ! J’ai pensé à un thème de chanson, qu’est-ce que tu en penses ? » et on note ça sur des bouts de papier.

Art ‘N’Roll : Vous avez toutes vos influences de toute façon.

Raphaël : Exactement. On a des influences tous un peu différentes, mais qui englobent quand même le rock, il n’y en a pas un qui va sortir un truc de hip-hop… quoique ça pourrait être très bien.

Jérémy : Je tiens à dire que mon groupe préféré est Magma ! Il fallait que ça sorte… voilà, désolé.

Raphaël : Et moi je suis un gros fan de NTM et de rap aussi ; on a tous des influences diverses, je suis un grand fan de Jean-Jacques Goldman, tu vois !

Art ‘N’Roll : Une source d’inspirations impressionnantes ?

Raphaël : Exactement, il y a des trucs de Jean-Jacques Goldman, si tu écoutes, qui sont hyper bien foutus sur les harmonies, les textes.

Jérémy : Oui, bien sûr, et les changements de tonalités !

Raphaël : Les textes de Goldman, que tu le veuilles ou non, sont d’une simplicité sans nom, mais c’est bien foutu, il n’y a que lui qui arrive à faire ça. Alors on ne fait pas du Goldman dans les textes, mais en tout cas on est aussi admiratifs de ce qu’il se passe dans la variété. Parce qu’en France la variété est de très haut niveau. Tu prends du Cabrel, on en parlait tout à l’heure, tu as l’impression d’ouvrir un livre de poésies, c’est incroyable.

Raphaël : Ah oui, bien sûr. Nous, on écoute ça régulièrement. Tu ne peux pas lutter, les gars sont des références.

Art ‘N’Roll : L’album se termine par un instrumental qui est fort en émotion ?

Jérémy : Notre guitariste a une petite lubie : il veut finir nos EPs ou nos albums toujours par un instrumental, il trouve ça beau !

Raphaël : C’est une patte artistique.

Jérémy : C’est ça, finir sur un truc un peu éthéré, on ne sait pas trop où ça nous mène.

Raphaël : C’est presque le repos du guerrier. Sur dix titres, il y en a neuf où on envoie du bois et, le dixième, on est contents… on ne fait rien ! (Rires)

Raphaël : Je me suis tué la voix sur neuf titres – le dixième, je me repose.

Raphaël : D’ailleurs, c’est un pote, Georges, du groupe Bazar Bellamy, qui chante. Parce que c’est un instrumental sans l’être à 100 %, c’est lui qui a posé la voix et qui a écrit le texte de la fin.

Raphaël : C’est quelque chose qui ouvre le débat. C’est une conclusion qui n’est pas conclue.

Art ‘N’Roll : C’est une belle conclusion pour un album !

Raphaël : Merci !

Art ‘N’Roll : Vous avez participé au tremplin Hellfest 2023 ?

Raphaël : Oui ; en 2023, on a fait partie des finalistes, mais on n’a pas été retenus. Là, il y a le tremplin qui va s’ouvrir pour 2024, je ne sais pas si on sera éligibles, parce que, chaque année, ce sont des styles différents. Si on est éligibles, on va le retenter.

Raphaël : Si on fait un petit Hellfest au passage, on ne sera pas les plus malheureux.

Art ‘N’Roll : Si vous avez un dernier mot à ajouter pour éventuellement défendre l’album ?

Jérémy : Pas spécialement. Notre album est un peu particulier, on a donné pas mal de concerts et ceux qui viennent au stand à la fin pour discuter un peu veulent nous acheter un CD, mais maintenant dans les voitures il n’y a plus de lecteur CD, les gens n’ont même plus de quoi en lire chez eux, alors ils nous disent : « On achète votre musique pour vous soutenir, mais on ne pourra pas l’écouter ! »

Raphaël : Oui ils achètent un CD pour nous soutenir mais, si ça se trouve, le CD finit dans un potager pour effrayer les oiseaux ou en sous-boc. On s’est dit : « quitte à ce que ce CD ne serve à rien, autant qu’il soit décoratif ». Voilà pourquoi la pochette est un tableau, tu peux même l’accrocher dans ton salon ou dans ta chambre, où tu veux ! Du coup, ce n’est plus seulement un objet à écouter, c’est aussi un objet à regarder.

Art ‘N’Roll : D’accord. Très bien. C’est un très bel objet. Merci, les gars.

Raphaël : Merci !

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