HOT on the rocks!
Interview de Qamelto (jeudi/04/04/2024)
Interview de Myrath (jeudi/07/03/2024)
Interview de abduction (mardi/19/12/2023)

Slomosa – Sasquatch – Belzebong au O’Sullivans Backstage by the Mill

jeudi/27/10/2022
380 Views

Chose rare, inhabituelle, qui déroge et se doit d’être soulignée : des trois formations estampillées « stoner » qui se produisaient ce mardi 18 octobre (Slomosa, Sasquatch, Belzebong), c’est la première et non les deux têtes d’affiche qui m’a convaincu d’emprunter la ligne 2, de descendre station Blanche pour me rendre au O’Sullivans Backstage by the Mill. V. Mamy s’est spontanément jointe à ma démarche sans connaître plus spécifiquement lesdits groupes, c’est rassérénant (voir les trois glissières photographiques ci-dessous). Reconstitution d’une ligue très récemment dissoute sans décret, puisque nous avons œuvré de concert pour restituer le plus fidèlement possible la seconde semaine (terme plus approprié que « week-end », le week-end de quatre jours n’étant pas encore instauré en République française…) du gargantuesque Hellfest 2022, ainsi que sur l’événement très metal Burning Witches + Nervosa + Warfect + SystemHouse 33 (le 8 mars dernier, à l’Empreinte de Savigny-le-Temple). Aussi metal et aux derniers jours de l’hiver, que celui de cette soirée est stoner et aux derniers jours de l’été (qui peine, le bougre, à définitivement lâcher l’affaire). J’ai justement découvert Slomosa le jeudi 23 juin aux abords de la Valley du site clissonnais, et ai bien accroché. Je vous recommande sans plus tarder de découvrir à votre tour « Slomosa », le premier album du quatuor norvégien publié en 2020, ledit concert du Hellfest (en ligne sur le site d’Arte) ainsi que (si vous le souhaitez) leur prestation au Into the Void (n’empêche, baptiser un festival du titre d’un morceau de Black Sabbath 1971 au riff aussi gras qu’une marmotte en hiver, c’est l’ultime chic stoner…) de Leeuvarden le 8 octobre 2022, où étaient également présents leurs poteaux de Sasquatch, mais aussi les cadors du genre tels Orange Goblin, Unida ou Hippie Death Cult. Deux solides prestations. Tiens, Jacques Maillot ! L’animateur et chansonnier discute sous le soleil de fin de journée et de saison avec d’autres séniors, tout autant hâlés et aussi bien attifés que lui (ambiance brunch à Neuilly) devant le Théâtre des Deux Ânes dont il est l’heureux propriétaire… Et qui jouxte au niveau du 100, boulevard de Clichy le O’Sullivans Backstage by the Mill, un bar restaurant type boustifaille anglo-saxonne pourvu de moult touristes et surtout d’une salle de concert au fond, déjà éprouvé pour le concert des Butcher Babies en 2018 puis d’Electric Mary en 2019 (avec le sémillant Jacko à la manœuvre photographique, que je salue à la volée). Supers souvenirs, les points forts de cette enceinte étant la magnifique visibilité de sa scène et la proximité avec les artistes… Le seul regret à inscrire au passif de la seconde soirée étant la faible qualité du service, visiblement débordé… Bon. Pas de selfie avec l’autre Jacques, pourtant mon père adore ses revues de presse sur Paris Première, ça l’aurait bien fait sourire de recevoir cette surprise par texto en ce début de soirée…

En attendant V. Mamy qui m’indique sur Messenger décoller à l’instant même (et ne pas savoir qui est Jacques Maillot), je me commande une salade César et du rouge, perché sur les hauts fauteuils dans le passage du bar-brasserie. Mazette, rapidement et surtout bien vi-ser ladite salade César ! Justement bien placé pour voir Marie Moe, la gracieuse et mutine bassiste de Slomosa, débouler, me faire un sourire en se dirigeant vers la sortie, pour aller probablement à leur véhicule de tournée garé devant le restau, suivie dans la foulée par Benjamin Berdous (chant / guitare) quant à lui visiblement perdu dans ses pensées. Le service est excellent, super sympa le gars me demande si ma salade est bonne. Super bonne, merci. Mais je cale. Il est 19 heures 08 et les quatre amis (après Jacques Maillot, coucou Fabrice de la classe !) de Slomosa se sont entassés les uns sur les autres dans le photomaton situé juste à côté de ma haute table ronde. Ils en ressortent hilares, potaches. J’adore. S’apprêtant a quitter le restaurant pour regagner la salle de concert qu’il doivent donner à 19 heures 30, je descends (pas d’autre mot) de mon siège et tapote façon Bugs Bunny l’épaule de Marie, laquelle se retourne que je puisse lui montrer les photos d’elles et des trois garçons, que V. Mamy a prises lors de leur prestation du jeudi sur la scène de Valley. Je confie le smartphone sur lequel sont présentement alignés ces mots, à un des mecs au comptoir afin qu’il immortalise cette débonnaire rencontre. Merci mec. Un peu blurry sauf une. Correcte. Merci Slomosa c’est sympa. Ça fera la rue Michel (et mon actu Facebook tralalalère…) comme on dit chez nous à Paris. Bon c’est l’heure. Tamponnage de la mimine (au passage, merci à Tangui de Garmonbozia) à l’entrée d’une salle presque pleine et déjà pour moitié plongée dans l’obscurité. Bonjour au seul et unique videur, ce qui corrobore l’inclination peace de l’événement et du public y assistant. Descente des quelques marches puis pénétration de la fosse. La veste en jean type trucker conserve la côte auprès du public stoner. Parfois patchée. Tiens, des patchs Motörhead ! La casquette trucker également. Décidément. Mais il est vrai que les truckers conduisent parfois dans le désert…. Et Slomosa revendique malicieusement jouer du « desert rock ». CQFD. La setlist de leur show parisien sera quasiment identique à celles présentées au Into the Void et au Hellfest. Pas de surprise. On n’est pas chez Deftones là. Et puis, comme indiqué supra, les quatre scandinaves n’ont qu’un unique et éponyme album studio à leur compteur (Geiger). Qu’il convient de défendre.

À 19 heures 35, Slomosa commencera ainsi son set de neuf pépites « comme d’accoutumée » sur l’instrumental « Afghansk Rev », enchaîné « comme toujours » sur « Estonia » (la classe rien que cet intitulé…). La scène est faiblement pourvue, à l’image du kit de batterie. La première strophe fait resurgir le fait que Benjamin chante faux, mâchonnant ses paroles et braillant mollement, gémissant presque, façon Robert Smith sur les premiers Cure. Un introverti « Paris… Ça va ? ». Et c’est déjà le troisième morceau, « Cabin Fever ». Tiens. Serait-ce une cabine de photomaton ? Au bout de cinq minutes de jeu, l’assemblée est complètement dedans. Celle-ci opine grave du chef. Je constate par ailleurs que les trois instrumentistes « mobiles » (de gauche à droite aujourd’hui : le lead guitariste, la bassiste, le chanteur-guitariste) ne sont jamais alignés dans le même ordre sur scène (de gauche à droite au Hellfest, par exemple : le chanteur-guitariste, la bassiste, le lead guitariste), tout en sachant de plus qu’ils sont assez statiques et que deux d’entre eux ont un pied de micro. Pourquoi changer de place ? Question (fondamentale) à leur poser à l’occasion d’une éventuelle interview… À 19 heures 38, je me retourne puis distingue à quelques mètres derrière moi au surplomb des marches la familière silhouette de V. Mamy au centre d’une lumière acidulée et bleu schtroumpf, son spectre farfouille avec dynamisme dans la sacoche de son appareil photo. Au rayon vêtements, nos quatre nouveaux amis ont visiblement et délibérément adopté un no-look, évoquant nombre de formations indés de la fin des années 1980 et du début des années 1990 (je pense aux Pixies). Marie porte pour sa part un magnifique pantalon noir un chouia informe et limite feu-de-plancher façon Kiabi de l’époque précitée laissant entrapercevoir des chaussettes blanches. Ainsi que des vans basses. En tous cas, quel punch elle a mes aïeux ! C’est très clairement l’élancée cinq-cordiste qui confère l’attrait scénique du groupe. Un mélange entre volonté de remuer coûte que coûte et en rythme avec les deux copains guitaristes la partie supérieure du corps d’avant en arrière, hargne et ingénuité. Elle me rappelle Virginie, la grungeoïde bassiste du groupe français Sloy, groupe de noise avant-gardiste, remuant et excitant, vu à un certain nombre de reprises dans la seconde moitié des années 1990. D’ailleurs, le chant de Benjamin n’est pas sans rappeler celui d’Armand. Grunge et années 1990, il semble bien que ces deux termes résument convenablement notre affaire de l’instant. Tant que des jeunes femmes joueront avec cette vivacité, cette urgence, cette abnégation, le tout naturellement, le Rock’n’roll will never die.

Au premier rang côté gauche (celui du lead guitariste donc) les jambes touchant cette basse scène, je suis en plein égrégore avec le groupe qui turbine à quelques centimètres devant moi, mais aussi avec le reste du public massé devant qui remue de l’occiput en cadence et harmonie stoner. C’est rare. Très rare désormais. Seule l’absence de cigarettes et la présence de smartphones (capturant à qui mieux mieux la magie de l’instant) pourront me rappeler que nous sommes bloqués en 2022. Le son ainsi que les lumières (tantôt bleutées, tantôt pourpres, tantôt… heu… « couleur lumière » !) contribuent divinement à faire émerger cette magie scénique. Sobres mais efficaces. À l’instar du groupe, Applaudissements et chaleureuse bronca. Une nana hurle, ou plutôt réclame « Keviiiiiiiiiiiiin ! ». 19 heures 45 : « Nous sommes Slomosa Norvège…», petit rire concon, puis c’est le groovy « Scavengers ». Sur « Kevin » (rien que cet intitulé !!!), demandé à cor et à cri, le public explose littéralement, c’est à dire saute d’un seul homme (ou femme hein…) à la verticale dès le premier coup de caisse claire assené. Ce missile est déjà un des classiques de la jeune formation. Le chanteur prend les devants, nimbé d’une lumière bleue, ou plutôt va au plus près de l’auditoire, pour leur félicitée mutuelle. Cela remue du chapeau jusqu’au bar de la salle, situé tout du long du flanc gauche de la scène (tout à fait, celui du lead guitariste ce soir, je vois que vous suivez…). À ma droite une grande brune connaît les paroles des chansons par cœur… Les quatre protégés de Nick Oliveri jouent ensemble, de concert, c’est compact, carré. Nouvelle ovation. Benjamin se décapsule une bière puis demande à l’auditoire comment dit-on « skål » dans la langue de Bernie Bonvoisin. Je réponds spontanément « à la tienne » mais il ne comprend pas un mot. C’est ballot, j’aurais mieux fait de dire « santé », c’est plus simple à percuter pour un norvégien, même très brun et trapu comme lui. Nul vraiment. 20 heures 06 et est égrenée l’intro de « Horses » le morceau de bravoure de Slomosa. Trippant. Génial. Pour qui connaît la salle, ça headbangue à présent jusqu’au stand t-shirts et merch ! 20 heures 08 : « Thank you too much », applaudissements… puis la boucle repart… Marie est en nage, ses cheveux châtain clair au carré lui collant à la peau au bout de même pas vingt-cinq minutes de jeu… Le chameau Slomosa ira probablement loin. Pas forcément jusqu’à la Mainstage 1 à 23 heures, mais probablement plus haut dans le running order de la Valley. Eventually.

20 heures 28 et Sasquatch (l’autre nom de Big foot) entre en scène sur une nappe de fuzz. Le combo formé en 2000 par deux originaires de Détroit pratique, lui, un stoner US offensif. Ils attaquent sur « Chemical Lady ». On pense immédiatement à Soundgarden pour le timbre de voix. Sasquatch revendique également des filiations avec les Melvins, Corrosion of Conformity, Mountain, et Grand Funk Railroad. Youpi. Il s’agit en fait de l’arrêt parisien de la tournée commune Sasquatch / Slomosa intitulée « Heavy to the Max Tour » laquelle prendra fin le 27 octobre à Passau en Bavière. Ce power trio composé de Keith Gibbs (chant / guitare), Craig Riggs (batterie) et Jason Casanova (basse) doit défendre « Fever Fantaisy » publié le 3 juin dernier. Et plutôt correctement. Première ovation. Sasquatch partage avec les australiens d’Electric Mary (vus en cette enceinte donc) un certain mélange entre des vocaux évoquant le regretté Chris Cornell et une appétence pour le hard rock des années 1970. Les soli de guitare, exécutés à la Les Paul, sont brillants, proches de ceux du MC5… from Détroit Michigan également (Lincoln Park précisément). La wah-wah est également reine au royaume de Sasquatch. Et effectivement, certains morceaux sonnent indéniablement comme du Black Sabbath millésimé 1970-1971. Lourds. Stoner. Très majoritairement debout, le public se montre davantage méditatif que pendant le vitaminé set de Slomosa. « Merci Paris d’être là », applaudissements. Dans la rubrique apparence extérieure, le bassiste Jason possède des faux-airs de Ben Shepherd jeune. Il a l’air cool et prend vraisemblablement du plaisir à tenir ses lignes sur sa Rickenbacker sunburst. Un instrument assez répandu visiblement dans le milieu stoner. Entre les chansons, le chanteur communique bien plus que son prédécesseur avec les aficionados (et das) sur fond de reverb’. « Est-ce que vous passez un bon moment ? ». Oui, indubitablement. Toute la tribu stoner opine lentement du carafon, à l’image de ce grand sosie de Nick Oliveri à barbe rousse, prenant son panard sur le côté droit de la scène. Tout le monde tape dans les mains. Intensité résumera parfaitement la prestation de Sasquatch.

En revanche, l’audience est extrêmement ratiboisée lorsque les metal stoner de Belzebong investissent la scène à 21 heures 25. Au même moment, la sémillante Marie sort rapidement des coulisses. Les cheveux des musiciens auront poussé tout du long de la soirée, les polonais ayant tous une conséquente tignasse sur leurs crânes. Le guitariste porte également un patte d’éf’ à rayures ainsi qu’un t-shirt Vader (de Pologne également, certainement un modèle). Les très très longs attributs capillaires n’ont qu’une utilité : headbanger. Car la musique de Belzebong n’a qu’une finalité : faire headbanger. Le quatuor ne possède pas de chanteur puisqu’il n’y a pas de chant. Du metal réduit à sa plus basique expression. Certains aiment. Pourquoi pas ? Votre bien dévoué assez moyennement. C’en est presque une caricature de Black Sabbath. Et puis, j’étais venu pour Slomosa. L’heure est ainsi venue de rebrousser chemin, de rejoindre mes pénates, V. Mamy fait de même et remballe vite fait bien fait son matos. Une fois les quelques marches parcourues nous tombons sur Marie, que je félicite chaleureusement. Je lui montre d’ailleurs une mosaïque de photos du Hellfest 2022 par V. Mamy et par Pouniiie (ex-Pauline) que j’ai soigneusement sélectionnées et assemblées, car elle y figure parmi d’autres bons souvenirs de cette édition. « It’s Nick ! » sourit-elle en toute modestie, désignant un cliché de Nick Oliveri pris durant le concert de Stöner (NB : le groupe pas le style) le jeudi 23 juin. Effectivement. L’ombre de l’ancien bassiste de Queens of the Stone Age ne cesse de planer au-dessus du camélidé norvégien. La bise du fan, puis retour définitif à la réalité francilienne.

 

Setlist Slomosa :

 

Afghansk Rev

Estonia

Cabin Fever

Scavengers

Kevin

In My Mind’s Desert

Rice

There Is Nothing New Under the Sun

Horses

Tags

Leave A Comment