Interview de Joe d’Evil Invaders

jeudi/24/03/2022
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Un choix entre plusieurs registres ou tonalités est, plus ou moins consciemment, effectué par le chroniqueur à la conception de chaque interview. La tonalité « passion » met l’accent sur l’objet exclusif de l’affection de l’interviewé, celui auquel il a consacré ses forces voire son existence. Cette tonalité fluidifie l’échange, et est souvent propice à des discussions à bâtons rompus avec l’interviewer, dépassant et brisant le strict cadre promotionnel. Parfaite pour les groupes et artistes de heavy metal tradi, elle a donc été délibérément choisie pour nos récents entretiens avec Brainstorm ou les Burning Witches, mais également avec Joe, le chanteur – guitariste des belges d’Evil Invaders, réalisé par Skype dans l’après-midi du 14 mars 2022. La tonalité « passion » annihile tout blanc dans la conversation, à l’exception de celui du maquillage de King Diamond…

 

Art’N’Roll : Mister Joe…

Joe (chant, guitare) : Hey Man !

ANR : On parle anglais ou français ?

J : Anglais, je suis néerlandophone…

ANR : Où es-tu ?

J : Dans ma maison…

ANR : Où précisément ?

J : Dans mon studio d’enregistrement…

ANR : Dans quelle ville ?

J : Mouland, Belgique.

ANR : Quel temps fait-il ? Je te pose la question car c’est très ensoleillé à Paris…

J : Pareil, tu peux voir la lumière ici… (NDA : il montre sa fenêtre)

ANR : Le printemps est-il ta saison préférée ?

J : Je suis un summerguy

ANR : Première véritable question : peux-tu s’il te plaît nous présenter ton groupe ?

J : Evil Invaders est un groupe belge, nous sommes influencés par le heavy metal, le speed metal, le thrash metal, le death metal old school, bref nous sommes un groupe de heavy metal extrême. Nous avons quatorze années d’existence, et j’en suis le chanteur ainsi que le guitariste.

ANR : Tu es un des membres fondateurs…

J : Exactement, oui.

ANR : Quelle est votre actualité ?

J : Présentement ?

ANR : Oui.

J : Nous préparons un concert pour la sortie de notre album « Shattering Reflection ». Il sort le 1er avril. Samedi prochain, nous allons faire une répète afin de préparer le light show. Nous sommes impatients !

ANR : Votre concert de ce jeudi 17 mars à Colmar est annulé…

J : La situation crée par le Covid est pour le moins ennuyeuse (rires) Nous ne voulons pas prendre de risque : toute notre tournée européenne est annulée, les restrictions sanitaires encore en vigueur nous ont contraint à tout remettre à plus tard. Nous pensons nous produire dans les festivals cet été. Après, nous organiserons cette tournée européenne.

ANR : Votre album « Shattering Reflection » sort donc le 1er avril 2022 chez Napalm Records : je te propose de nous présenter ce nouveau disque…

J : Cela fait désormais cinq ans que nous n’avons pas sorti de disque. Celui-ci marque une évolution dans notre façon d’écrire ainsi que dans ma façon de chanter : nous sommes davantage mélodiques et catchy. En cinq années nous avions accumulé beaucoup de démos, et nous avons donc été contraints de faire des choix entre les bobines, le confinement nous a permis d’avoir tout le temps de choisir les meilleures puis de les peaufiner. Aucune pression du coup. La phase de préproduction en compagnie de Francesco Paoli, notre producteur, qui est également le chanteur et guitariste du groupe italien Fleshgod Apocalypse, s’est ensuite et également avérée très constructive. Ce fût la première fois qu’une personne extérieure à notre formation s’impliquait dans le processus de création. Il a su procéder à certains arbitrages entre nous, et donner plus de sens à notre travail, je garderai un excellent souvenir de tout cela.

ANR : Quels sont les thèmes abordés par ces nouvelles chansons ?

J : Il y en a plusieurs, car ce n’est pas spécialement un concept album. Des thèmes classiques du genre : la vengeance, la révolution, la perdition, les cercles vicieux et les mauvaises habitudes, la démence, la nostalgie, le dramatique… Mais je fais toujours en sorte de rester évasif, de laisser une fenêtre ouverte à l’interprétation…

ANR : Tu dis pratiquer du speed metal, qui est avant tout un « label » des années quatre-vingt… Comment définirais-tu ce genre ?

J : S’il existe une frontière claire et évidente entre le heavy metal et le thrash metal, ce n’est pas le cas entre le speed et les deux autres… Je pense par exemple que le premier album de Slayer est du speed metal, le speed serait une phase de transition entre le heavy metal du début des années quatre-vingt et le thrash metal quelques années plus tard, soit une musique devenue plus compacte et agressive… Le speed serait selon moi du Iron Maiden joué plus sur un tempo plus rapide, de la new wave of british heavy metal qui aurait pris des stéroïdes ou quelque chose du genre (rires)

ANR : Maiden serait-il ton groupe préféré ?

J : Motörhead serait mon groupe préféré. Mais Iron Maiden est définitivement mon influence principale.

ANR : Je constate que tu possède une jolie collection de guitares… Quelle est ta marque préférée ?

J : Je les fabrique désormais, donc aucune…

ANR : Pour ce qui est des amplis, je dirais Marshall…

J : Oui. Ce sont les plus faciles et les plus pratiques à emporter en tournée, tu les mets dans une caisse et c’est bon…

ANR : Quels sont tes guitaristes favoris ?

J : Les guitaristes de Savatage pour ce qui ressort des solos, et Gary Holt pour les rythmiques.

ANR : Holt avec Exodus, avec Slayer, ou les deux ?

J : Principalement Exodus.

ANR : L’as-tu rencontré ?

J : Oui, une fois à Oberhausen en Allemagne, lors de la tournée d’Exodus avec Testament et Death Angel. Je connais le roadie de Death Angel, qui est d’ailleurs français, ce qui nous a permis de passer boire deux-trois verres avec les mecs d’Exodus, c’était très sympa.

ANR : C’est tout concernant tes guitaristes préférés ?

J : J’ajouterais Jon Drenning de Crimson Glory.

ANR : Tu es en même temps chanteur, ce qui n’est pas simple…

J : Oui, belle galère (rires)

ANR : Même question, donc : quels sont tes chanteurs préférés ?

J : Midnight, de Crimson Glory, Ronnie James Dio, King Diamond… et bien sûr Rob Halford !

ANR : Qui sont finalement ces « méchants envahisseurs » ?

J : Le nom de notre groupe est un emprunt au groupe canadien Razor, leur deuxième album paru en 1985 s’appelle « Evil Invaders ». Lorsque nous avons fondé notre groupe en 2008, nous avons cherché le nom qui correspondrait au mieux à la musique que nous voulions faire, et lorsque nous avons réécouté cette chanson (NDA : il chante avec une grosse voix rigolote) « Evilllllllll… Invaders !!! », nous nous sommes dit que c’était nous les Evil Invaders (rires) Nous pensons toujours que c’est un nom très cool ! Je pense, à ce propos, que chaque personne possède une bonne et une mauvaise face, l’être humain a quelque part conservé un instinct de reptile…

ANR : Justement, si votre groupe était un animal, lequel serait-ce ?

J : Un serpent probablement.

ANR : As-tu rencontré tes idoles ?

J : Non. Et ce n’est pas grave. Je préfère que celles-ci conservent une aura de mystère. Après, je ne dirais pas non si Ozzy venait à me proposer de boire une bière avec lui… Idem pour King Diamond… Mais, je n’ai pas besoin de rencontrer ces types pour aimer leurs musiques… J’aime le fait qu’il y ait du mystère autour de leurs personnes…

ANR : Tiens, tu me parles de King Diamond : avez-vous pensé à vous maquiller vous aussi ?

J : Noooooon, peut-être uniquement l’espace d’un clip… Mais, je ne me vois pas sur scène en train de transpirer avec mon maquillage qui coule… Chaque soir, en plus… (rires)

ANR : Es-tu spontané sur scène ?

J : Oui, je ne calcule pas forcément ce que je fais, cela dépend de l’ambiance…

ANR : Tu parles beaucoup entre les morceaux ?

J : Pareil, parfois il faut le faire, parfois moins… (rires) Cela dépend vraiment de ce que ressens à cet instant précis…

ANR : Quel serait ton meilleur souvenir sur scène ?

J : Je crois que ce serait le concert que nous avons donné l’été dernier à l’Alcatraz Festival en Belgique. C’était dingue, car c’était le premier concert que nous donnions depuis le début de la pandémie, et l’organisation aux petits oignons nous a permis de nous amuser pour de bon : tu étais testé dès que tu entrais sur le site, et après tu avais enfin le droit enlever ton masque, de te prendre une bière et de faire la bise à tout le monde, puisque tout le monde était vacciné ou testé négatif. Une fois à l’intérieur il n’y avait plus de règles, le public qui était en manque d’amusement et de musique s’est donc lâché, et l’ambiance était exceptionnelle ! De la scène, j’ai pu ressentir ces vibrations de la foule (NDA : il hurle à voix basse) En plus, ce fût le seul week-end de l’été 2021 où il a vraiment beau en Belgique (rires) C’était vraiment bon de vivre cela ! Sinon, au cours de notre carrière, nous avons fait de très bons concerts en Russie, au Japon, des pays qui te transportent, l’Amérique du Sud également…

ANR : Penses-tu jouer un jour au Hellfest ?

J : J’y pense tout le temps (rires) J’y suis allé en tant que spectateur en 2014, Black Sabbath et Aerosmith étaient les têtes d’affiche du samedi et du dimanche soir, c’était super cool !

ANR : J’y étais !

J : As-tu vu le concert d’Aerosmith ?

ANR : Non, je n’ai fait que le dimanche, avec Soundgarden et Black Sabbath…

J : J’avais déjà vu Aerosmith auparavant, mais ce concert est probablement l’un des meilleurs tous groupes confondus de mon existence ! C’était fou, très bon !

ANR : Quel est ton album préféré d’Aerosmith ?

J : Dur… Cela dépend de mon humeur, car ils sont très différents les uns des autres, probablement « Permanent Vacation » et le premier, mais « Get a Grip » contient également de bons morceaux…

ANR : « Rocks ».

J : Oui.

ANR : Peux-tu résumer Evil Invaders en trois mots ?

J : Agressif, rapide et mélodique.

ANR : C’est l’heure d’y aller ! Tu as le mot de la fin…

J : Merci aux fans français pour continuer à nous supporter à travers les années, nous serons de retour dès que possible, et jetez un œil à notre nouvel album…

ANR : Merci et à très bientôt sur la route Mister Joe !

J : Cheers Dude !

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