Interview de Nikita Kamprad du groupe Der Weg Einer Freiheit

samedi/15/07/2017
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Bien que Der Weg Einer Freiheit ne soit pas à l’affiche de cette édition du Hellfest, Nikita Kamprad est venu profiter du festival et répondre à quelques questions. De quoi faire patienter les fans avant la sortie de son prochain album, « Finisterre », prévu pour le 25 août.

 

Art N Roll : Deux extraits de votre dernier album sont déjà disponibles, que pouvez-vous nous en dire ?
Nikita Kamprad : Nous nous sommes occupés de toute la production, sous sommes très heureux que Season of Mist nous laisse faire ça. Nous avons loué un studio pendant cinq ou six semaines pour tout boucler. Le concept, et c’est pour nous une nouveauté, est basé sur un livre : le Loup des Steppes de Herman Hesse (ndlr : Der Steppenwolf a été publié en 1927, puis interdit par le régime nazi. Hermann Hesse obtiendra le prix Nobel de littérature en 1946). Son atmosphère m’a particulièrement inspiré. Vous connaissez ?

 

ANR : J’ai seulement lu Siddhartha. Il m’avait pas mal intéressé et je compte me repencher sur Hesse.
Nikita : Je l’ai aussi beaucoup aimé, comme d’autres de ses livres ! J’ai donc été très touché par l’ambiance du Loup des Steppes. Il possède une aura négative, son atmosphère m’a captivé… Les visuels et les paroles de l’album sont d’ailleurs basés dessus.
Notre opus précédent, « Stellar », visait le ciel et les étoiles, maintenant nous revenons sur terre. Hesse m’a fait comprendre qu’il y a cent ans, les gens avaient les mêmes problèmes que nous aujourd’hui. Ça m’a beaucoup frappé, tout ce qui va mal dans le monde réside dans ces similitudes. Le livre et l’album sont tous deux pessimistes, ils nous forcent à regarder en face le travail qu’il nous reste pour faire du monde un endroit meilleur.

 

ANR : Votre prochain disque s’intitule « Finisterre ». Que signifie ce mot pour vous ?
Nikita : Le terme ne vient pas de Hesse, je l’ai lu ailleurs. C’est la fin de la terre, j’ai vu que plusieurs régions s’appellent comme ça, y compris pas très loin d’ici. Je m’en sers comme d’une métaphore pour donner la bonne atmosphère à l’album. Cela pointe les mauvaises directions que nous prenons. Cette fin est une frontière et, si jamais nous la dépassons, tout s’effondre. La cause pourrait en être la guerre, l’inconnu… Nous disons non à ce qui gît au-delà de cette limite.

 

ANR : Comme pour « Stellar », vous avez fait appel à Max Löffler pour l’artwork. Quelle est votre relation avec lui ?
Nikita : Il a effectivement déjà travaillé sur notre album précédent. Il avait créé un dessin parfait pour chaque chanson, nous lui avions donné des instructions et il a assuré. Du coup nous lui avons redemandé de bosser avec nous. Il a peint d’un seul tenant tout le gatefold pour le vinyle. La scène est connectée au livre, ceux qui ont lu le Loup des Steppes s’en rendront compte. Max l’a bien sûr lui aussi lu.

 

ANR : Pour les lives, vous faites appel à des membres du groupe de Death technique Fuck Off and Die. Pourquoi choisir des musiciens qui n’officient pas dans le même style que Der Weg Einer Freiheit ?
Nikita : D’abord je les apprécie énormément sur le plan personnel. Nous avions déjà joué ensemble dans un autre groupe il y a dix ans et Tobias Schuler m’avait alors demandé s’il pouvait remplacer notre ancien batteur en cas de désistement. Giuliano Barbieri nous a rejoint à la basse, mais il est finalement parti de son côté.
Pour le fait qu’ils viennent d’un groupe aussi exigeant, ce n’est pas particulièrement important. La musique de Der Weg Einer Freiheit n’est pas si difficile que ça à jouer, je ne me soucie pas du tout de savoir si c’est technique ou pas.

 

ANR : Question piège, quelle est « la voie de la liberté » ?
Nikita : Mon chemin vers la liberté n’a pas changé. J’ai commencé à écrire de la musique pour m’exprimer. D’autres vont tracer leur route autrement et ailleurs, ça dépend de chacun. Je l’ai clairement trouvé dans la musique.

 

ANR : Quelle est la question que vous regrettez qu’on ne vous pose jamais ?
Nikita : [Longue pause] D’habitude, on me demande des choses faciles, comme « quand avez-vous commencé ? » J’adorerais que les gens s’intéressent davantage à la manière dont la musique est écrite. Ce n’est pas que des accords de puissance, chaque note est là où elle doit être. Comme pour une partition de piano, si une seule pièce manque alors l’œuvre n’est pas complète.
Les musiciens de Metal aiment être clairs : la musique est comme ça et pas autrement. Nous n’improvisons par exemple jamais en live, nous ne jouons que comme la musique est sensée être. Mais attention, j’aime bien sûr aussi les groupes qui improvisent, nous avons juste une approche différente.

 

ANR : Vu que vous ne jouez pas au Hellfest, vous avez tout le temps pour profiter des concerts. Qu’est-ce que vous attendez le plus ?
Nikita : Le groupe le plus important pour moi est Regarde les Hommes Tomber. On va bientôt partager une tournée et j’ai vraiment aimé leur dernier album. Deafheaven joue aussi ce soir, puis il y aura Chelsea Wolfe et Nails. Emperor va nous interpréter ce qui est peut-être le meilleur album de black metal de tous les temps : « Anthems to the Welkin at Dusk ». Je vais aussi voir Crippled Black Phoenix. Nous sommes sur le même label et je les aime vraiment beaucoup, ils sont super cool.

 

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