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Interview avec Jon Lawhon des Black Stone Cherry

mardi/31/05/2016
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Art’N Roll : Black Stone Cherry a subi quelques changements entre le dernier album et Kentucky, que peux-tu nous dire à ce sujet ?

Jon Lawhon : Quand nous sommes revenus de tournée, on est rentrés à la maison, en attendant des nouvelles de notre label qui à l’époque était une branche d’Atlantic record. On était un peu coincé car on ne savait pas ce qu’ils planifiaient pour nous, on sortait d’une tournée quasiment sold out donc nous attendions les instructions. Allions-nous sortir un EP, refaire une tournée au vue de ce qu’on venait de finir et qu’elle fut notre surprise après 2 mois à attendre de se faire lâcher par le label.

Ils ont justifiés cet abandon par le fait qu’ils privilégiaient les groupes qui passe à la radio et nous ne remplissions pas ce critère mais honnêtement le jour où ils nous ont annoncés cette nouvelle, nous avons littéralement sauté de joie car tout l’argent que nous aurions pu gagner grâce au succès de l’album et la tournée précédente allait directement dans les poches du label, ça a été salvateur pour nous le fait qu’ils prennent cette décision, nous étions confiants pour l’avenir tout en espérant ne pas réitérer les mêmes erreurs que par le passé.

Évidemment, nous avons par la suite été contactés par des dizaines de label dont Mascot, ils ont tenus le discours qu’ils avaient à tenir, comme des promesses de ne pas se faire de trop gros pourcentages sur nos ventes d’album et sur les bénéfices de nos tournée. Finalement nous avons signé une contrat de licence avec eux, ce qui signifie que nous restons maîtres de ce que nous faisons et ils nous aident financièrement pour la composition, le marketing et ce genre de chose qui peuvent très rapidement coûter de l’argent.

Une fois tous les détails réglés nous avons commencé à travailler rapidement sur l’album et nous avons dit à Mascot que nous voulions produire notre album nous-même afin de composer et enregistrer ce que nous souhaitions.

Voilà globalement l’histoire des péripéties de Black Stone Cherry entre les 2 albums.

 

Art’N Roll : On vient de découvrir « Kentucky », un album retour aux sources, est-ce que ce choix de revenir où tout a commencé était naturel pour tous les membres du groupe ?

Jon : Du fait d’autant de liberté, je dois avouer qu’au début j’ai eu peur que chaque membre du groupe décide de balancer tout ce qu’il avait envie de balancer depuis des années et que cela devienne un gros bordel mais finalement pas du tout. Chacun a pris des libertés mais pas sur chaque chanson donc cela reste censé.

Nous sommes retournés au studio Barrick Recording là où tout a commencé pour nous il y a quelques années et on a enregistré.

On s’est surpris à enregistrer des morceaux avec énormément d’harmonie ce qui est risqué car cela va être très compliqué à reproduire en live. Lors de l’enregistrement des harmonies il m’est arrivé plusieurs fois de rester plus de 2H pour enregistrer juste mes harmonies et ensuite c’était au tour de Chris. Franchement, je ne sais pas comment on va faire en live pour reproduire ça. Rire.

En ce qui concerne le choix du retour aux sources c’est ce qu’il y avait de plus ingénieux comme choix, c’est là où nous vivons, c’est là que nos parents vivent, que nos enfants grandissent et que nous pouvons manger des repas fait maisons.

Nous commencions aussi à être un peu fatigués après des années à tourner aux quatre coins du monde, après discussions tous ensembles on en a conclu que peut être se poser à la maison serait plus constructif que de partir une fois de plus composer et enregistrer dans des villes qui ne nous correspondaient pas et où on a pas nos repères.

Nous avons même travaillé avec le gars avec qui nous avons fait nos débuts, c’était marrant de le retrouver surtout pour cet album car il a une approche musicale assez dark et cet album est de façon général plus dark et heavy dans ta face.

 

ANR : On retrouve la chanson « War » d’Edwin Starr, pourquoi ce choix ?

Jon : A vrai dire ce choix est à la base pas du tout intentionnel. Lorsque nous étions au studio pour enregistrer on voulait travailler uniquement sur les nouveaux morceaux. Mais on nous a demandé si on pouvait faire quelques reprises au cas où sur l’album le label aurait boulu faire une sorte de B-Side et on a commencé à faire des reprises comme Queen, et c’est en jouant « War » que nous nous sommes aperçus qu’elle avait totalement sa place sur l’album et qu’elle nous correspondait. Et puis cette chanson est très vieille, même si elle est triste il ne faut pas l’oublier donc si on peut essayer de la faire connaître et lui donner une seconde jeunesse, on trouve que c’est une bonne chose.

ANR : Peux-tu nous parler de la pochette de l’album ? Est-ce que cette maison représente quelque chose pour vous ?

Jon : Oui tout à fait, cette maison c’est là où on répète et compose depuis nos débuts. Pour l’histoire, le pote du père de John notre batteur joue dans un groupe depuis les années 60, son groupe répétait dans cette maison puisque c’était la sienne. Quand nous nous sommes formés en 2001, on peut dire qu’on les a un peu foutus à la porte. A l’époque on leurs laissait quand même un peu de temps pour répéter mais sinon on y passait tout notre temps.

Par exemple, là je suis en train de te parler, cette maison je l’ai en tête donc le choix de mettre cette maison sur la pochette, c’est une façon de partager un peu de notre intimité avec nos fans.

Si tu veux vraiment tout savoir, c’est moi qui ai pris la photo, car je m’occupe de tout ce qui est artistique dans le groupe. J’adore faire de la photo donc quasiment toutes les photos dans le livret de l’album c’est moi qui les ait prises. La raison pour laquelle l’ambiance que l’on ressent est assez sombre c’est juste qu’il allait pleuvoir et comme je n’aime pas trop les retouches photos, j’ai décidé de garder la photo au naturelle et cela donne une ambiance un peu plus morose que si ça avait été une journée ensoleillée.

 

ANR : C’était vos premiers pas en tant que producteurs, qu’est-ce qu’il en est ressorti ?

Jon : Je pense que c’était une évidence, après des années à travailler avec de grands professionnels je pense que nous avions acquis la compréhension de comment créer une chanson et non juste assembler une succession de bout de musique.

Aussi depuis quelques années Chris mix beaucoup pour des groupes, John Fred manage aussi pas mal de groupes.

Pour faire court, on manage et produit tous des groupes chacun de notre côté durant notre temps libre, et à force d’aider ces groupes c’est vrai que nous avons beaucoup appris.

Du coup, dès que l’histoire s’est arrêté avec Roadrunner on a dit que nous ne voulions plus de producteur, que l’on voulait se débrouiller par nous-même. On ne voyait pas l’intérêt de payer quelqu’un beaucoup trop cher pour faire un job que nous sommes à présent capables de faire.

 

ANR : Est-ce que ce choix va perdurer ?

Jon : Je peux te garantir que nous produirons tous les futurs albums de Black Stone Cherry. A part si un de nos amis est intéressé pour le faire, ça serait histoire de s’amuser mais sinon je pense que nous allons garder cette manière de travailler.

Je ne veux plus de conseils débiles comme notre ancien producteur qui me disait que vu que j’étais bassiste, pour que ça marche il fallait que je fasse du gros son sans réfléchir, et ce n’est pas mon style. Donc pour ma part, je ne veux plus de ce genre de personne qui essaie de me simplifier le travail que j’aimerais rendre plus technique et faire honneur à mon instrument.

 

ANR : Que vous a apporté la collaboration avec Mascot ?

Jon : Ils nous ont bien évidemment apporté de l’argent mais surtout et ce qu’il y a de plus important, ils nous ont apportés la liberté. On avait tout en tête, on savait que nous étions capables de le faire seuls et ils n’auraient pas été d’accord cela n’aurait pas été possible de le prouver.

Et pour eux c’est aussi une bonne nouvelle de travailler avec nous car quoiqu’il se passe nous étions prêts à faire cet album avec ou sans label et vu que nous avons quand même déjà une notoriété c’est bien pour eux d’avoir su saisir l’opportunité.

 

ANR : Est-ce que l’évolution personnelle de chacun influence le son et/ou les paroles ?

Jon : Oui, nous sommes tous très influencés par nos enfants, nos épouses, par tous ces gens qui font notre quotidien. J’ai 2 filles de 3 et 6 ans et je dois dire que ces 2 -là représentent tout pour moi et c’est vrai que lorsque je compose je pense souvent à mes enfants et c’est pareil pour les autres.

On a jamais écrit des chansons déprimante car de base on trouve ça difficile d’être négatif à propos de nos vies, on fait ce qu’on aime tout en voyageant à travers tous ces pays.

D’ailleurs nos enfants n’ont pas seulement influencés notre son mais aussi la façon dont on tourne.

 

ANR : Après 15 ans, vous avez toujours la même line up, est-ce que c’est l’amitié qui vous lie et qui maintient le groupe ? Ou c’est autre chose ?

Jon : C’est uniquement l’amitié, on se serre les coudes en cas de coup dur. Par exemple, il y a quelques années, Chris notre chanteur a traversé une période de profonde dépression, cela a évidemment été très difficile pour lui mais aussi pour le groupe. Sa dépression a commencé durant une tournée promo à travers l’Europe et ça a été très dur car cela a failli remettre l’avenir du groupe en cause, nous avions tous très envie de continuer, enfin 3 sur 4, et nous sentions que Chris avait envie de tout arrêter.

Ce que nous avons décidé de faire c’est d’avoir un dîner juste nous 4 au retour à la maison. Nous sommes allés dans notre restaurant préféré où il y a une salle à part que nous avions réservé.

C’est Chris qui a posé la première question qui était : Qu’allons-nous faire ? On lui a bien évidemment répondu que nous souhaitions continuer le groupe et ensuite on lui a demandé d’écouter ce qu’on avait à lui dire. Pour ma part, je lui ai dit que j’étais le premier du groupe à avoir fondé une famille et que chaque jour loin de ma famille c’est très dur pour moi mais que ce qui me faisait tenir et m’accrocher dans ce métier c’est que malgré mon absence, en vieillissant ils pourraient comprendre et être fières de moi, et que nous ne faisions pas de la musique juste pour faire de la musique mais pour transmettre un héritage, rendre des gens heureux voir même parfois les influencer dans leurs vies.

Suite à mes explications, j’ai alors demandé à Chris si il était capable de se dire que tout ce qu’il avait créé ne représentait rien ainsi que tous ces gens qui nous écoutent et nous soutiennent ne valaient pas la peine de continuer ? C’est à ce moment-là je pense qu’il a eu le déclic et nous a dit qu’il fallait continuer et que tout irait bien.

Pas longtemps après ce dîner il a découvert qu’il allait être père, il est donc passé d’une profonde dépression où il aurait préféré être mort à ces 2 choses ou il s’est dit qu’il fallait avancer, être un bon chanteur et surtout un bon père.

Pour conclure, je pense que si l’amitié ne passe pas en priorité dans la musique, à quoi peux-tu t’accrocher au final car tu ne peux pas te raccrocher à une chanson, ça c’est le boulot des fans de se raccrocher à nos morceaux. Il faut se soutenir et se serrer les coudes car sinon au bout d’un moment ça ne marchera plus.

ANR : As-tu d’autres hobbies artistiques que la musique et la photo ?

Jon : Oui ! La question devrait peut-être plus qu’est-ce que je ne fais pas d’artistique ? (rire)

Quand j’étais gamin j’adorais dessiner et surtout jouer avec les ombres, comme si j’essayais de leurs faire prendre vie. J’ai aussi fait de la peinture mais sans réel succès surtout que je suis marié avec une peintre du coup je complexe un peu !

J’ai aussi étudié l’architecture, ensuite les ordinateurs sont devenus quelque chose d’indispensables donc j’ai appris le métier de graphiste et depuis je dessine et crée tout notre merchandising. En plus de faire tous les logos du groupe, je travaille aussi pour des entreprises. Je fais des montages vidéo aussi, par exemple, notre dernier clip vidéo même si je n’ai pas fait le montage moi-même, c’est moi qui ai cherché l’endroit où se serait filmé.

L’art est très important pour moi, mes filles avant de leur apprendre à écrire leur prénom, je leur ai appris à dessiner des carrés, triangles et autres formes géométrique pour qu’elles puissent déjà dessiner tout ce qu’elles veulent. Ok, lire et écrire c’est très important mais dessiner te fait avoir une perspective différente du monde.

En gros tout ce qui est artistique je dois essayer, c’est plus fort que moi, l’art m’a permis de découvrir qui j’étais vraiment au fil des années.

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