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Interview avec François Blanc d’Angellore

mercredi/15/04/2020
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Angellore est un groupe français, composé de cinq membres, pratiquant de l’atmospheric doom metal, genre singulier, ce qui n’a pas manqué d’attirer notre attention. François Blanc, alias « Walran », est le chanteur et clavier d’Angellore. Par ailleurs journaliste dans un mensuel papier, il a accepté avec plaisir de fendre l’armure, lors d’un déjeuner dominical organisé dans un restaurant des Buttes-Chaumont. Repas… et blind-Test, des plus conviviaux. Entretien décontracté avec un vampire.

Art’N’Roll : Salut ! Peux-tu nous présenter Angellore s’il te plaît ?

François Blanc (« Walran ») : Angellore est un groupe que nous avons monté en 2007 avec Rosarius (NDA : l’autre chanteur, et guitariste). Nous nous sommes rencontrés sur Internet, car il était chroniqueur pour un Webzine qui s’appelle Nightfall in Metal Earth, et il venait de rédiger une chronique dithyrambique d’un groupe de doom metal de Copenhague nommé Saturnus, ce qui m’avait donné envie d’écouter leur album, Veronika Decides to Die. Après l’avoir écouté, je l’ai trouvé tellement génial que je me dis qu’il fallait absolument que je contacte le type qui avait fait cette chronique ! Nous avons rapidement correspondu sur Internet, et constaté que nous avions plein de gouts en commun, j’étais également chroniqueur de mon côté… Puis nous nous sommes téléphoné et avons réalisé que nous habitions tous deux dans le sud de la France, lui d’Alès dans le Gard, moi de Vaison-la-Romaine dans le Vaucluse. Histoire vraie : notre première conversation téléphonique a duré cinq heures !

Rosarius m’a expliqué vouloir monter un petit groupe de doom et avoir fait du néo-metal auparavant, comme moi (rires). Il m’a également dit se rendre chaque année au Festival de théâtre d’Avignon, comme moi, et nous nous sommes donc donné rendez-vous là-bas. Nous nous sommes vus pour la première fois en juillet 2007. Puis je l’ai invité à passer chez mes parents en août, afin de voir ce que nous pouvions faire de constructif ensemble : à l’époque, il avait un look gothique super assumé, ce qui a donné un côté décalé à la présentation familiale ! En deux jours, nous sommes parvenus à accoucher de trois titres, lui avec sa guitare, moi avec mon clavier, le chant et les paroles venant comme cela. Nous avons posté cette démo (NDA : « Ambrosia ») sur Myspace, puis avons été contactés par quelqu’un d’enthousiaste, qui nous a proposé de faire un split tous ensemble : c’était complètement inattendu ! Nous nous sommes donc revus en avril 2008 afin de travailler sur ce split, lequel est sorti en 2009 (NDA : « Merankorii / Angellore »). Un ami de la fac m’a ensuite expliqué qu’il avait bénéficié de subventions publiques afin de payer ses frais d’enregistrement en studio, ce qui m’a motivé afin de compléter le groupe. Un ami du lycée, Ronnie, qui m’avait fait découvrir Iron Maiden en me prêtant Brave New World à sa sortie en 2000, a été embauché comme batteur : avec le temps, ses goûts avaient évolué et il était désormais à fond dans le doom et le metal atmosphérique ! J’ai saisi cette chance, et nous avons commencer à répéter à trois chez mes parents. Notre premier album a été élaboré à partir des démos précédentes. Nous avons finalement obtenu ce financement provenant du Fonds d’initiatives jeunes, après audition, d’un montant de 1 500,00 euros, la somme maximale pouvant être accordée. Anecdote : les autres boursiers étaient un cirque itinérant ainsi que des danseuses qui venaient de perdre leur salle ! A ce stade, les étoiles étaient toutes alignées…

ANR : Ben plutôt, oui…

FB : Néanmoins, le premier album a été une galère monstre à enregistrer. Nous la racontons dans le livre de quarante pages qui accompagne l’édition vinyle de notre nouveau disque. J’ai cru mourir mille fois ! Il est sorti en 2012 (NDA : « Errances »). Nous avons commencé sur-le-champ à travailler sur le deuxième. Rosarius m’a présenté sa nouvelle petite amie, Lucia, et m’a suggéré qu’elle se joigne à nous au chant… Je n’étais pas vraiment certain de vouloir adjoindre un chant féminin… Mais lorsque j’ai entendu la voix de Lucia, j’ai réalisé que ce serait un crime de s’en passer ! Elle a suivi sept ans de conservatoire, mais était tombée sur une prof’ qui avait cassé sa confiance en elle, et ne voulait plus chanter. Ayant déjà des goûts musicaux très larges, Rosarius lui a permis d’approfondir ses connaissances, et ils avaient enregistré ensemble une ballade d’Epica, ainsi qu’un morceau d’une trentaine de secondes seulement, une révélation pour moi : je me suis passé cette démo cinquante fois d’affilée, laquelle est devenue la matrice du morceau « Still Glowing Ashes », sur notre deuxième disque en 2015 (NDA : « La Litanie des Cendres »). Lucia n’était à cette époque qu’une invitée. Elle est par la suite devenue membre à part entière d’Angellore, notamment puisque sa relation avec Rosarius s’approfondissait : ils sont maintenant mariés avec des enfants (rires).

Interview François Blanc d’Angellore pour Art’N Roll avec Romain

De trois membres, nous sommes passés à quatre, puis à cinq aujourd’hui : nous avons intégré notre bassiste et ami de longue date, Celin, qui s’était collé à la basse uniquement afin de pouvoir jouer avec nous ! Il s’est tellement entrainé que c’est peut-être désormais le meilleur musicien d’Angellore (rires). Nous avons de nouveau repris le chemin du même studio, avec la même équipe en 2016, et avons encore connu beaucoup de difficultés, ce qui explique que ce troisième album a mis quatre ans à sortir !

ANR : Rien ne devait mourir sort le 14 février 2020 chez Finisterian Dead End !

FB : Il sort en CD et en vinyle !

ANR : Ce qui frappe, c’est la profusion d’instruments de musique, y compris classiques voire médiévaux…

FB : Oui ! Nous souhaitions à la base réaliser La litanie des cendres, part. 2, à savoir approfondir ce disque de 2015. Mais Angellore est une entité mouvante, et l’intégration de Lucia et de Colin nous permettait dorénavant d’explorer d’autres options. Les premières compositions étaient plus sombres, et appelaient quelque chose de plus organique à mon sens. J’adore le folk metal, voire la musique folk tout court, ainsi que la musique traditionnelle, et j’ai choisi de privilégier les instruments organiques au synthétiseur : nous avions déjà fait l’expérience d’un hautbois synthétique sur « Moonflower », le morceau clôturant notre précédent disque, et avions apprécié le résultat. Je connaissais Gunnar Ben, qui joue du hautbois dans le groupe de folk metal islandais Skálmöld, et je lui ai demandé de collaborer avec nous : il m’a répondu en plaisantant qu’il était le musicien de session le plus cher de son pays, et qu’afin de payer ses services je devrais non pas vendre ma voiture, comme je lui avais répondu, mais carrément ma maison ! Cette boutade faite, il a accepté de jouer gracieusement sur « A Romance of Thorns ». Nous avions également une violoniste depuis le premier album, Catherine « Cathy » Arquez, laquelle joue cette fois sur « Drowned Divine » et sur « Que les Lueurs se Dispersent ».

Interview François Blanc d’Angellore pour Art’N Roll avec Romain

Je me suis mis en quête d’autres musiciens. Pour l’anecdote, j’ai rencontré Ségolène Perraud dans un BlaBlaCar : lorsqu’elle m’a dit qu’elle était flûtiste, je l’ai de suite invitée avec insistance à se joindre à nous, elle a été positivement impressionnée et a accepté de collaborer gracieusement elle-aussi. Elle joue de la flûte sur le morceau « Sur les Sentiers de Lune ». J’ai également fait fonctionner mes réseaux. Je voulais engager une chorale : il se trouve que ma grande sœur fait du chant, je lui ai demandé de me trouver des choristes. Nous leur avons au préalable envoyé nos démos afin qu’ils se préparent. L’enregistrement a été toute une épopée, nous n’avons pas été en mesure de conserver l’ensemble des prises, à l’exception de celle qui sert de chant d’introduction sur « A Romance of Thorns ». Il nous fallait aussi un vrai piano à queue. Cela a été difficile à trouver. Chose faite, nous en avons enregistré les séquences dans un théâtre, pourvu d’une acoustique naturelle remarquablement belle. Pour ce qui est de l’orgue, il se trouve que ma mère a des amis qui s’occupent d’une église dans le sud de la France : nous avons enregistré les parties d’orgue dans ce lieu de culte. Les instruments organiques ajoutent du cachet, de la profondeur et de la chaleur.

ANR : Il est donc concevable de parler de « projet » et non « d’album » ?

FB : C’est un projet d’envergure : avec Angellore tout prend du temps, nous avions commencé à écrire ce disque dès 2014, alors même que le précédent n’était pas achevé ! Nous pouvons nous le permettre, puisque nous n’avons pas la contrainte du live : pas de tournées, même si un festival nous a récemment fait une proposition, ce que nous avons décliné. Nous ne subissons pas, non plus, la contrainte du Label, surtout en termes de produit fini : il faut que le travail nous plaise profondément.

ANR : Ce qui frappe également, ce sont les lieux. Peux-tu nous lister les lieux où ce disque a été enregistré ?

FB : Le studio est un environnement sympa, mais effectivement assez banal, nous avions enregistré tous nos albums précédents au même endroit. Comme je te le disais, l’orgue a été capté dans une église dans le sud de la France, à côté de chez mes parents : nous nous sommes présentés comme un groupe de metal mélodique sans entrer dans les détails… Pas de chance le jour J l’orgue était assez désaccordé, et il ne devait être accordé que la semaine suivante : impossible de reporter à cette date car nous avions déjà réservé un studio d’enregistrement… Nous sommes néanmoins parvenus à en tirer des sonorités potables, qui ont été incorporées au morceau « Drowned Divine », la fausseté ne s’entend pas trop, conférant un côté un petit peu mystérieux, un petit peu inquiétant… Les parties de piano ont été faites dans un théâtre à Vaison-la-Romaine. Une fois encore, nous avons galéré puisque Celin, notre bassiste, qui est monteur-son cinéma de formation, avait préparé méticuleusement les installations pour la prise de son, et dépensé un temps fou à disposer les micros dans cette salle : le son d’un véritable piano à queue, ainsi que la résonnance naturelle, ne sont vraiment pas faciles à capter… Les responsables de la salle sont donc arrivés à la fin du temps imparti afin de la récupérer, alors que nous n’avions pas fini de jouer, et se sont assis sur les fauteuils, nous regardant : c’est pénible d’être concentré dans ces conditions, mais nous y sommes arrivés, et avons conservé toutes les prises.

Interview François Blanc d’Angellore pour Art’N Roll avec RomainLe chant a été enregistré dans une autre église, celle de mon village natal où, pour l’anecdote, étaient nées dix ans auparavant les premières démos d’Angellore. Pareil : nous avions l’église pour la journée alors qu’il fallait assembler une chorale, puis faire comprendre au chœur comment chanter sur notre musique, leur faire entendre le Tempo alors que nous n’avions pas assez de casques pour tout le monde… Mais une fois encore, nous avons réussi à en tirer le meilleur : un passage fort de « A Romance of Thorns », pourtant réalisé par des choristes qui n’ont aucune connaissance metal, et qui ont été contents de se frotter à quelque chose d’inédit. Le hautbois de Gunnar a été enregistré dans son propre studio en Islande. La flûte et le violon, enfin, ont été saisis dans le sous-sol de l’endroit où je travaillais avant (rires). Nous nous y sommes pointés un dimanche, et son acoustique n’était pas géniale : il nous a fallu tenir des cartons afin d’étouffer le son, et casser le côté froid des murs de pierre. Tout a été fait maison, et cela a contribué au charme de l’album ! Chaque piste possède son histoire !

ANR : Tu dis avoir présenté ton projet à Monsieur le Curé ou ces dames et messieurs du théâtre, comme metal mélodique… Le mot reconnu par les initiés, c’est doom metal atmosphérique : peux-tu présenter ce genre à nos lecteurs ?

FB : Le doom metal, provient de l’héritage de Black Sabbath, qui ont été les premiers à engendrer cette musique lente et lourde, ensuite réhabilitée dans les années 1980 par Candlemass et Saint Vitus, qui ont composé des riffs ralentis (à une époque ou tous les groupes accéléraient le tempo pour créer le thrash et le death) y ajoutant un aspect solennel. Puis, dans les années 1990, de nouvelles formations ont repris ces racines et les ont agrémentés de claviers et de chant féminin, afin d’en faire une musique plus atmosphérique, plus gothique, plus mystérieuse, plus éthérée. C’est cela qui nous a séduit avec Rosarius, cet aspect solennel, glacial. Surtout lui : une des choses qui m’avait frappé lors de notre rencontre, c’est son attrait pour la musique froide, alors que j’aime surtout la musique qui fait rêver. Mon premier critère est l’évasion, il faut que cela m’emmène quelque part, du death metal putride au heavy metal héroïque… Le doom constitue le support rêvé pour les émotions. Et atmosphérique parce que nous aimons le clavier et les ambiances. Nous adoptons une approche pop, car nous apprécions par ailleurs les mélodies que l’on peut chanter sous la douche après les avoir entendus plusieurs fois, à condition de les intégrer au sein de compositions complexes, longues et denses. Encore une fois, il s’agit d’emmener les auditeurs quelque part. Je connais des gens qui n’ont jamais écouté de metal auparavant, et qui voient un côté cinématographique à ce que l’on fait : pour nous, c’est un beau compliment ! Voilà : doom pour la lenteur des tempos, et atmosphérique pour le côté réverbéré, afin de créer une sphère onirique.

ANR : Nous allons en rester là pour la première partie de cet agréable moment, et passer tous ensemble à table. Lors de la seconde, je vais diffuser des morceaux dans le restaurant, ce sera l’heure de ton Blind Test… Dans l’immédiat, c’est couscous pour tout le monde !

Interview François Blanc d’Angellore pour Art’N Roll avec Romain

ANR : (une heure et demie plus tard) Donc, nous avons vu avant le déjeuner que votre album « Rien ne devait mourir » est des plus composites. Angellore sonne tantôt doom, des fois black metal, puis pop gothique, parfois metal folk… Et la diversité de votre propos transcende les étiquettes. A son écoute, certains passages, certains climats, m’ont (parfois de très-très loin) fait penser à d’autres groupes ou artistes, qu’Angellore ne revendique pas forcément comme influences… De plus, et peut-être, tu as d’autres souvenirs et anecdotes à nous narrer en tant que journaliste… Je te propose en conséquence un blind Test « Culture musicale ou pas d’Angellore » : je te passe sept morceaux d’hier et d’aujourd’hui en entier, les uns à la suite des autres, tu me dis si tu connais, si tu aimes ou pas, et quels morceaux feraient de près ou de loin partie de ta culture musicale… Je commence la diffusion…

1. Gojira – « The Shooting Star » (2016)

FB : Je connais ça j’crois (rires). J’ai beaucoup écouté les singles de cet album… J’adore « Silvera ». Je les ai vu en concert pour la première fois en 2005…

ANR : Fais le lien avec ce titre et Angellore, surtout votre dernier album…

FB : C’est d’abord le souvenir que j’ai vu Gojira en concert pour la première fois en 2005. Ils s’étaient produits dans une salle à un quart d’heure de chez moi, la Cigale de Venterol. J’étais au collège à Nyons, où rien ne passait d’habitude, et ce n’était que mon quatrième concert de metal : j’avais fait Nightwish (la dernière tournée avec Tarja, à Lyon), puis Angra, puis Rammstein aux arènes de Nîmes, et enfin Gojira… Je m’y étais rendu en compagnie de Ronnie, qui allait ultérieurement devenir le batteur d’Angellore. Il suivait Gojira depuis Terra Incognita (NDA : 2001, donc). Et j’avais été soufflé ! J’avais dix-sept ans. J’aime beaucoup leur album From Mars to Sirius, mais moins ce qu’ils faisaient auparavant, c’est plus brutal. Gojira est l’ambassadeur du metal français, c’est notre plus grand groupe. Ils ont travaillé leurs instruments à l’extrême, une sorte de perfection dans la technique, contrairement à nous. Le mur de guitares créé une atmosphère de tension, un climat éthéré. Mais ils ne nous ont pas influencé. A part probablement Ronnie, qui tente d’être plus créatif que la plupart des batteurs de doom metal.

Interview François Blanc d’Angellore pour Art’N Roll avec Romain

2. Killing Joke – « Love Like Blood » (1985)

FB : C’est un truc des années 1980 ? Killing Joke ? C’est un de leurs tubes, ça…

ANR : J’ai choisi ce morceau en raison de certaines intonations entendues dans votre disque, ainsi que pour une tonalité « Pop » que vous adoptez parfois…

FB : Ouais… Pour beaucoup de gens, le metal ce sont les groupes des années 1980, pour Angellore, ce sont ceux des années 1990… Notre vivier d’inspiration est la musique gothique des années 1980 ainsi que le metal des années 1990, j’ai grandi avec le revival « true metal » des années 1990, les Angra et les Rhapsody of Fire

ANR : Tu es né en quelle année ?

FB : Je suis né en 1987. La plupart de mes amis écoutent du dark metal, du goth, du doom des années 1990. D’ailleurs, notre nom de groupe provient de Tristania (NDA : « Angellore » est une chanson du groupe de metal progressif Tristania, de 1998). En revanche, le son de batterie réverbéré accompagné par la guitare claire qu’on entend là, sonne typique des années 1980… Un groupe que l’on adore comme Moonspell a été puiser chez les Sisters of Mercy, chez Killing Joke… Un lien entre eux et nous se fait par héritage. Une de nos compositions comme « Blood for Lavinia » sur le dernier album, doit autant au Tiamat des années 2000 (des tubes de metal gothique), qu’aux fondations du rock goth des années 1980.

3. Satyricon – « Walk the Path of Sorrow » (1994)

FB : C’est Satyricon ? Longtemps que je n’ai pas écouté, c’est sur le premier album ? Lorsqu’on a commencé Angellore en 2009, Rosarius, Ronnie et moi, avons réalisé qu’hormis le doom, notre seconde influence était incontestablement le black metal. Mais ce n’est que lors de l’enregistrement de « Moonflowers », le morceau de clôture du deuxième album en 2015, que nous avons incorporé pour la première fois des blastbeats… Lorsque je nous réécoute, je me rends compte que tout cela reste « gentil », que cela contribue uniquement à l’atmosphère de la chanson… Pour Rien ne devait mourir, nous avons décider d’incorporer davantage de passages en rupture issus du black : pour se faire, Rosarius a puisé son inspiration chez Cradle of Filth et Darkthrone… Darkthone, c’est la scène norvégienne, Satyricon aussi. Le son nous ramène une fois encore aux années 1990, tout comme le côté atmosphérique, ce côté forestier, qui constituent le cœur de notre musique. Comme sur ce premier Satyricon, Angellore est spécialiste des morceaux longs.

4. Apocalyptica – « Ashes Of The Modern World » (2020)

FB : (NDA : Dès la première note) C’est Apocalyptica, le premier morceau du dernier album, un clip très très recherché… Sur ce disque j’ai adoré ce que joue Perttu (NDA : Kivilaakso, l’un des violoncellistes), le jour du concert au Zénith 2020, j’ai interviewé Paavo (NDA : Lötjönen, un autre des violoncellistes) et j’avais fait auparavant celui de Mikko (NDA : Sirén, le batteur) lors de la sortie de leur précédent album en 2015. Sur l’édition vinyle de Rien ne devait mourir, nous avons ajouté un morceau à tonalité folk intitulé « Rassembler les cendres », que nous avions enregistré en 2014 ou 2015 et qui devait initialement figurer sur La litanie des cendres : il comporte une magnifique partie de violoncelle et de flûte traversière. Le label nous avait initialement demandé de le faire figurer sur le CD de Rien ne devait mourir, ce que nous avions refusé car nous le considérions comme faisant partie d’une ancienne époque de notre histoire, possédant un esprit complétement différent du nôtre aujourd’hui, conceptuellement et textuellement. Nous avons décidé de le sortir de nos cartons et de le placer en bonus sur la version vinyle de Rien ne devait mourir, parce que l’auditeur sera contraint de retourner le 33 pour changer de face, contrairement au format CD où tout s’enchaîne sans discontinuer. Sur notre dernier disque, il y a également une partie au violoncelle (NDA : jouée par Mathieu Vigouroux sur « A Romance Of Thorns » et sur « Drowned Divine ») : c’est un instrument difficile à enregistrer, assez proche de la voix humaine, qui doit être intégré dans un amas de guitares.

Interview François Blanc d’Angellore pour Art’N Roll avec Romain

5. Wolves in the Throne Room – « Born From The Serpent’s Eye » (2017)

FB : (NDA : dès la première note) Oh ! Ça j’adore ! Wolves in the Throne Room !!! Un de mes morceaux préférés de ces dernières années : « Born From The Serpent’s Eye », ça j’adore vraiment… Ça j’adore, j’adore vraiment !!! Le traitement des voix féminines est incontestablement brillant… Pour le coup l’approche ultra atmo, ainsi que le côté un peu spirituel, nous parlent… Ah ouais, trop bien !!! C’est vraiment bien !!! Je les ai vu très récemment en première partie d’Amorphis, et précédemment en première partie de Behemoth. Après, si j’ai un seul truc à leur reprocher, c’est ce recours un peu trop systématique au blastbeat : j’aime, mais pas tout le temps, cela charge un peu trop le morceau, et cela me fatigue. Je préfère une façon plus subtile de procéder, à l’image du groupe Agalloch. Angellore n’en fait pas un usage systématique, et Ronnie tente de varier son jeu de batterie. Mais ce morceau est magnifique, ce qui me fascine c’est l’équilibre entre la guitare et le clavier, une des marques de fabrique d’Angellore : à quel degré tu poses les nappes, et à quel moment tu les fais interagir avec les guitares… Cet équilibre constitue la structure de base de plusieurs de nos morceaux, comme « Dreams ». Cette mélodie de guitare, nous aurions pu l’écrire, c’est simple, pourvu d’une petite harmonie basique.

6. Visions of Atlantis – « Nothing Lasts Forever » (2019)

FB : J’connais ! C’est Within Temptation ?

ANR : Non.

FB : Ce n’est pas la voix de Sharon (NDA : Den Adel, la chanteuse de Within Temptation) ?

ANR : Non.

FB : J’connais, j’connais… (NDA : le refrain démarre…) C’est Visions of Atlantis ! C’est sur le dernier album. Pour l’anecdote, en 2009, lorsque nous avons commencer à répéter sérieusement, nous avions donné un concert privé pour nos amis uniquement, et nous avions repris « The Poem » de Visions of Atlantis ! Avec Rosarius aux claviers et moi au chant, nous chantions le refrain ensemble, une magnifique harmonie. Nous aurions dû, je pense, l’enregistrer. C’est d’ailleurs la seule reprise qu’Angellore n’ait jamais faite, nous avions notamment tenté de reprendre du Saturnus, mais sans toutefois aller jusqu’au bout… Autre anecdote : je connais très bien Clémentine (NDA : Delauney, la chanteuse de Visions of Atlantis depuis 2013), puisque nous sommes allés ensemble au Wacken en 2007, et nous nous sommes revus pas mal de fois les années d’après au Hellfest. J’espère pouvoir me rendre à leur prochain concert parisien…

Interview François Blanc d’Angellore pour Art’N Roll avec Romain

7. Type O Negative – « Black No. 1 (Little Miss Scare -All) » (1993)

FB : (NDA : Dès la première mesure) Type O Negative ! Facile. Le premier morceau de Type O que j’ai écouté, c’est « My Girlfriend’s Girlfriend ». Les dernières années qui précèdent la mort de Peter Steele n’allaient vraiment pas, le concert de 2007 n’était pas terrible… Beaucoup de gens ont cru percevoir à travers « Blood for Lavinia », notre morceau « gothique » sur notre dernier album, une grosse influence Type O Negative. Et je pense que c’est certainement juste, même si dans les faits nous nous sommes d’avantage inspiré de Tiamat ou de Moonspell. Peter Steele est une des idoles absolues de Rosarius et de Celin, pour sa voix et pour ce qu’il a incarné. Nous adorons cela. Nous nous sentons très proches de Type O Negative. Et puis, pour ce côté ultra romantique, presque exagéré, presque caricatural, goth de chez goth, c’est génial !!! Lorsque nous avons signé notre contrat, pour notre deuxième album, le gars du label voulait nous faire refaire nos photos promo car il trouvait nos références visuelles trop appuyées : elles avaient été prises dans une chapelle en ruines, avec des vêtements super gothiques, la chanteuse maquillée en noir, de vrais vampires ! Mais nous, c’est justement ce que nous voulions, que cela soit à la limite de l’excessif, car cet univers possède un charme fou et que plus personne ne fait cela aujourd’hui ! Il demeure pourtant un public pour qui cela raisonne encore. L’obsession de la musique gothique, ce rapport à la mort ainsi qu’aux amours torturés, ne sont plus pratiqués dans le monde du metal… Fût une époque où nous aurions été noyés parmi la masse, désormais nous sommes en marge et dans le bon sens du terme !

Merci à Arnaud Dionisio pour les photos.

Photos promo par Emilie Garcin.

Merci à la Terrasse de la Sybille pour les lieux, la sono et le couscous.

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